mercredi 30 avril 2008

Les arcanes de la confiance en soi

Depuis bientôt deux semaines, une question me taraude. Très exactement depuis le dimanche 20 avril.
Ce jour-là, après avoir passé victorieusement la veille le premier tour d'un tournoi de tennis, je devais jouer deux matchs successivement. Le premier comptait pour une rencontre par équipe entre mon club et un club de la région, le second était le deuxième tour de mon tournoi.

Le premier match du jour ne me posa pas de difficulté vraiment sérieuse. Après un premier set où, menant 5-1, je me laissai rejoindre par déconcentration à 5-4 avant de conclure, je disputai un deuxième set accroché que je gagnais également 6-4, ayant été mené, pour apporter le point décisif et la victoire à mon club.
Quant au second quelques heures plus tard (le troisième du week end, donc), en partie éprouvé par la fatigue, et gêné apparemment plus que mon vis-à-vis par les conditions de jeu (il s'agissait de mon premier match en extérieur de la saison), je le perdais (6-1 / 6-2) sans jamais avoir réellement été en position d'inquiéter mon adversaire.

Pourquoi ai-je senti le besoin de raconter cela? Parce que cet évènement me semble lié à la question de la confiance en soi.
J'ai abordé mes deux premiers matchs du week end avec une confiance absolue en mes capacités, et en ma victoire. Il était tout simplement hors de question que je perde, et, de fait, je n'ai pas perdu. Le premier match du samedi fut expédié en une cinquantaine de minutes (6-1 / 6-1); et lors du second, même au cours du deuxième set qui fut très accroché et dans lequel je connus des moments de pression psychologique intense dans ce qui fut une guerre des nerfs avec mon adversaire (notamment à l'occasion d'un jeu interminable), je ne doutai jamais.
Même mené au score, je continuai à afficher ce petit sourire de confiance qui dû exaspérer mon adversaire et jouer ainsi dans le résultat final, faisant craquer l'opposition.

En revanche, après cela, mon approche du troisième match fut beaucoup moins conquérante; et j'en étais lucidement conscient. Emoussé physiquement, je savais aussi que ma condition me permettait largement de tenir le choc, et que l'excuse n'était pas valable.
Pourtant, dès les premières balles et même avant, je sentais ma volonté faiblir. Il n'y eut pas de bataille psychologique sur ce match; du moins, pas avec mon adversaire, mais avec moi-même. Je l'ai perdue, et le match avec.

Que s'est-il passé? J'étais encore lucide, puisque je fus capable durant le match de déceler les raisons de ma mauvaise performance (détails techniques sans intérêt ici comme le placement, la vitesse de déplacement des jambes, de rotation du buste, etc); et je sentais également que je disposais dans les jambes d'une énergie suffisante pour tenir et vaincre.
Alors pourquoi me suis-je écroulé, au cours d'une partie que l'on pourrait pratiquement qualifier de match à sens unique?

Clairement, j'ai perdu ma confiance inébranlable en moi entre ces deux matchs; celui du matin, et celui de l'après-midi. Clairement, ce fut la cause de ma défaite, car le niveau de mon adversaire n'était objectivement pas plus élevé que le mien, bien au contraire.

Je tente, depuis bientôt deux semaines, de comprendre exactement quel mécanisme mental a joué dans l'histoire. Quel grain de sable a déréglé la machine. Il s'agit probablement d'une insidieuse pensée venue insinuer en moi que je n'aurais peut être pas assez d'énergie pour vaincre cette fois-là.
Je savais pourtant pertinemment que c'était faux; mais il a apparemment suffit d'un léger doute.

Je tente aussi de me demander comment j'aurais pu éviter ce doute. Mais là, j'avoue que je sèche...
A moins qu'il suffise qu'un entrainement drastique vienne me prouver avec certitude que je suis capable de réaliser ce que je tenais à réaliser.
Deux victoires en trois matchs sur deux jours, c'est plutôt bien. Mais c'est loin d'être suffisant.

Quoi qu'il en soit, il me semble avoir vérifié une fois de plus que la confiance: c'est essentiel, et ça se travaille.

lundi 14 avril 2008

Le language des gestes, pour ou contre?

Ce matin, j'ai fais une découverte.

Je croyais, en des temps reculés (ou pas, mais c'est une autre histoire) où j'avais encore beaucoup de difficultés à être charismatique lors d'une prestation orale devant un public, large ou restreint, que s'exprimer à grand renforts de gestes et avec moult mouvements du corps était fascinant et l'une des clés pour être un bon orateur, et pour décupler son charisme.
Tout le monde connaît la réputation des méditerranéens, notamment celle des Italiens, dont la connotation de dragueurs fortement expressifs (et efficaces?) leur colle littéralement à la peau.

J'ai évolué, mes compétences d'orateur aussi à force de travail sur moi-même; et je pensais, n'intervenant toujours devant un public qu'avec un minimum de gestes, qu'il s'agissait simplement de mon style personnel. Je laissai là le problème.


Or donc ai-je fait une découverte ce matin, comme j'avais le plaisir de le dire plus haut. A la suite d'un concours de circonstances malheureuses dans lequel je n'ai eu absolument aucune prise (comprendre que j'ai eu la flemme de conserver la prise en question), je me suis retrouvé à devoir effectuer un exposé oral d'une vingtaine de minutes avec:
- Un travail préparé la veille sans beaucoup de sérieux (et c'est peu de le dire)
- Une absence totale d'introduction et de conclusion préparées
- L'obligation de déployer mes talents d'acteurs pour rendre crédible mon explication pour m'être "trompé" d'exposé et pour avoir fait le mauvais (une semaine plus tard que le bon, évidemment)
- L'obligation d'accentuer ma maladie au maximum pour masquer le caractère relativement artificiel de l'exposé

Croyez-le ou non, j'ai réussi, mais là n'est pas la question. Contraint de jouer le malade en phase terminale, j'ai dû passer les vingt minutes de mon temps de parole en faiblissant ma voix, en courbant imperceptiblement le dos et en gardant les yeux insensiblement mi-clos.
Ne pouvant donc me servir de ma méthode habituelle pour obtenir et conserver la pleine attention d'une salle, qui repose presque entièrement sur l'énergie, la force et la gravité de la voix, et le regard, j'ai dû trouver un expédient.
Et je me suis aperçu, non sans surprise, que j'ai utilisé durant tout l'exposé un grand nombre de gestes, principalement des bras et des mains.
Face à la relative faillite (en l'occurrence programmée et voulue, mais les résultats sont les mêmes que si elle avait été involontaire) de mes capacités orales, la superficialité de mouvements actifs est venue involontairement masquer le manque de sel de la prestation afin de tenter, tout de même, de retenir l'attention du public.

J'en conclus donc, et cela parait finalement assez logique lorsque l'on compare avec toutes les règles générales que l'on peut tirer d'une attentive observation de la gestuelle humaine, que loin d'être l'expression d'un charisme particulier, une attitude trop basée sur le language des mains semble plutôt révéler un sentiment d'insécurité ou de malaise face à l'attention des autres, voire une absence de consistance et/ou de confiance en soi.

Peut être suis-je dans l'erreur. Mais sincèrement, après une telle expérience, j'en doute. D'ailleurs, à bien y réfléchir: regardez les personnages charismatiques des films que vous voyez. Tous sont flegmatiques, calmes, et ne font aucun mouvement superflu. L'exemple qui me vient à l'esprit le plus vite est celui de Clint Eastwood.

La question suivante serait donc: cela s'applique-t-il seulement à une situation d'intervention orale devant un public, ou à toutes les interactions humaines en général?
C'est plus discutable, mais cela mérite d'être étudié plus attentivement.