lundi 14 avril 2008

Le language des gestes, pour ou contre?

Ce matin, j'ai fais une découverte.

Je croyais, en des temps reculés (ou pas, mais c'est une autre histoire) où j'avais encore beaucoup de difficultés à être charismatique lors d'une prestation orale devant un public, large ou restreint, que s'exprimer à grand renforts de gestes et avec moult mouvements du corps était fascinant et l'une des clés pour être un bon orateur, et pour décupler son charisme.
Tout le monde connaît la réputation des méditerranéens, notamment celle des Italiens, dont la connotation de dragueurs fortement expressifs (et efficaces?) leur colle littéralement à la peau.

J'ai évolué, mes compétences d'orateur aussi à force de travail sur moi-même; et je pensais, n'intervenant toujours devant un public qu'avec un minimum de gestes, qu'il s'agissait simplement de mon style personnel. Je laissai là le problème.


Or donc ai-je fait une découverte ce matin, comme j'avais le plaisir de le dire plus haut. A la suite d'un concours de circonstances malheureuses dans lequel je n'ai eu absolument aucune prise (comprendre que j'ai eu la flemme de conserver la prise en question), je me suis retrouvé à devoir effectuer un exposé oral d'une vingtaine de minutes avec:
- Un travail préparé la veille sans beaucoup de sérieux (et c'est peu de le dire)
- Une absence totale d'introduction et de conclusion préparées
- L'obligation de déployer mes talents d'acteurs pour rendre crédible mon explication pour m'être "trompé" d'exposé et pour avoir fait le mauvais (une semaine plus tard que le bon, évidemment)
- L'obligation d'accentuer ma maladie au maximum pour masquer le caractère relativement artificiel de l'exposé

Croyez-le ou non, j'ai réussi, mais là n'est pas la question. Contraint de jouer le malade en phase terminale, j'ai dû passer les vingt minutes de mon temps de parole en faiblissant ma voix, en courbant imperceptiblement le dos et en gardant les yeux insensiblement mi-clos.
Ne pouvant donc me servir de ma méthode habituelle pour obtenir et conserver la pleine attention d'une salle, qui repose presque entièrement sur l'énergie, la force et la gravité de la voix, et le regard, j'ai dû trouver un expédient.
Et je me suis aperçu, non sans surprise, que j'ai utilisé durant tout l'exposé un grand nombre de gestes, principalement des bras et des mains.
Face à la relative faillite (en l'occurrence programmée et voulue, mais les résultats sont les mêmes que si elle avait été involontaire) de mes capacités orales, la superficialité de mouvements actifs est venue involontairement masquer le manque de sel de la prestation afin de tenter, tout de même, de retenir l'attention du public.

J'en conclus donc, et cela parait finalement assez logique lorsque l'on compare avec toutes les règles générales que l'on peut tirer d'une attentive observation de la gestuelle humaine, que loin d'être l'expression d'un charisme particulier, une attitude trop basée sur le language des mains semble plutôt révéler un sentiment d'insécurité ou de malaise face à l'attention des autres, voire une absence de consistance et/ou de confiance en soi.

Peut être suis-je dans l'erreur. Mais sincèrement, après une telle expérience, j'en doute. D'ailleurs, à bien y réfléchir: regardez les personnages charismatiques des films que vous voyez. Tous sont flegmatiques, calmes, et ne font aucun mouvement superflu. L'exemple qui me vient à l'esprit le plus vite est celui de Clint Eastwood.

La question suivante serait donc: cela s'applique-t-il seulement à une situation d'intervention orale devant un public, ou à toutes les interactions humaines en général?
C'est plus discutable, mais cela mérite d'être étudié plus attentivement.

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