vendredi 28 décembre 2007

Dieu créa l'Homme. L'Homme créa l'inquiétude.

Avez-vous remarqué comme tout le monde est inquiet? Je suis certain que oui. L'inquiétude et le stress règnent sur le monde, même, et surtout, là où l'on n'en a pas besoin. C'est à dire, en fait, quasiment partout.
L'inquiétude, s'inquiéter pour quelque chose, c'est avoir peur de quelque chose. D'où le stress engendré. Je ne parle pas ici du sentiment comparable à de l'excitation impossible à contenir qui survient lors des évènements imprévus ou exceptionnels ou mal contrôlés. Non, ce qu'on pourrait appeler le trac me semble nécessaire, et naturel. Il pousse à se sublimer, en mobilisant toutes les capacités humaines.

Le stress est différent du trac. Il est contre-productif, et détruit au contraire les moyens de celui qui le subit. Et il est omniprésent: énormément de gens stressent pour tout et n'importe quoi, parfois sans raison apparente... ou plutôt sans bonne raison.


Pourquoi ce stress? Pourquoi cette peur ambiante et contagieuse? Quand on y réfléchit deux minutes, cela semble à mon sens parfaitement stupide.
Je vois plusieurs causes à cet effet; et je suis sûr que je ne suis pas exhaustif. Souvent, la peur de sortir du rang amène le stress, et rappelle instantanément à la normalité. Parfois aussi, on s'inquiète de perdre quelque chose - ou quelqu'un. Régulièrement, enfin, on s'inquiète de ne pas gagner ce à quoi on aspire.

J'ai envie de m'arrêter sur la peur de perdre. Toute aussi réelle, mais plus commune que la peur de ne pas gagner. Pourquoi cette peur de perdre? Tout bêtement parce que l'on est attaché à ses possessions. Et que s'attacher revient trop souvent à craindre de perdre. C'est l'angoisse de l'élu, dont le symbole est l'Homme qui possède tout, et se sent si privilégié qu'il ne fait qu'appréhender son retour à la réalité au lieu de profiter de sa situation.

Alors une partie de la solution pour ne plus subir l'inquiétude serait de ne rien posséder, tel Diogène de Sinope?
( http://fr.wikipedia.org/wiki/Diog%C3%A8ne_de_Sinope )
Pas forcément. D'abord parce que ce choix est réellement difficile, presque impossible dans notre société capitaliste d'aujourd'hui. Je serais moi-même farouchement opposé à l'idée d'abandonner tout ce que j'ai et d'aller m'installer sous un pont. Je tiens à mon confort matériel, écrin du bien-être spirituel.

Ensuite, parce qu'il est tout à fait envisageable de cesser quand même de s'inquiéter de perdre ses biens, même en y étant relativement attaché. Il suffit de s'y attacher de la bonne manière. Qu'il s'agisse d'une paire de chaussures, d'un instrument de musique, d'une maison ou même d'une personne, il faut admettre une fois pour toute que rien n'est éternel, et que les chances de perdre l'objet de l'attachement existent bel et bien. Une fois ceci accompli, il devient évident que la seule chose qui compte est de profiter de sa chance comme si elle était momentanée ( et elle peut parfaitement ne pas l'être ) sans se demander quand elle s'arrêtera, car cela n'a strictement aucun interêt; principalement parce que cela est souvent imprévisible.


C'est là toute la différence - et elle est énorme - entre réduire son malheur et construire son bonheur.


Un exemple simple: votre maison brûle dans un incendie, avec tous vos biens. Et alors? Vous avez beaucoup perdu, certes. Mais pensez surtout à ce que vous avez gagné. L'argent de l'assurance (soyons pragmatique) qui vous permettra de repartir d'un bon pied. Mais aussi l'occasion de choisir un nouveau lieu de vie, pourquoi pas un nouveau travail et de nouvelles relations, et l'expérience obtenue sur la façon de gérer ce genre de... gros imprévus.

C'est l'exemple bateau par excellence, mais il est symbolique. Vous avez été licencié? Quelle importance, tant que vous pouvez vous retrouver avec vos amis pour boire une bière sur une terrasse ensoleillée? Strictement aucune, vous n'en vivrez pas moins bien. Si seulement vous voulez l'admettre. En revanche, pour que la théorie fonctionne, il faut bien évidemment que cela soit une motivation pour retrouver un nouveau travail, ou pour changer de vie - pour un père de famille, je comprend le problème et la situation est quelque peu différente. Si ce n'est pas le cas, votre confort matériel sera bien moins grand, certes. Cela a-t-il une incidence sur votre santé spirituelle?
D'ailleurs, si vous avez stressé pendant une semaine avant de recevoir la nouvelle, vous avez stressé pour rien. En admettant que vous ayez conservé votre poste, le stress était inutile. En admettant que vous l'ayez perdu... le stress a-t-il fait avancer les choses?

Non, et c'est surtout là que je voulais en venir. Ce type de situation serait beaucoup plus dur à gérer pour un(e) chef de famille que pour une personne seule, certes. Mais dans tous les cas, je maintiens que tout stress engendré par l'éventualité d'une telle perte est totalement improductif.

Comme Quentin et moi l'avions conclu lors de notre conversation, il est déplorable de passer sa vie à craindre le futur, et ce qui pourrait y arriver de pire. Autant profiter du présent et de ce qui s'y passe d'agréable, sans oublier de traiter les points négatifs pour les régler du mieux possible; en gardant à l'esprit qu'ils ne valent pas la peine qu'on s'en inquiète.

Lorsqu'un problème survient:

  • S'il existe une solution, il ne sert à rien de s'inquiéter; il faut la mettre en pratique.

  • S'il n'existe pas de solution; il ne sert à rien de s'inquiéter puisque l'on ne peut strictement rien y faire.

dimanche 23 décembre 2007

L'Homme craint le Temps, le Temps craint les pyramides

L'autre jour, alors que mon enveloppe corporelle était solidement vissée à son siège d'amphi inconfortable, mon esprit s'est évadé. L'orateur parlait de religion, de son importance et de son rôle dans la societé. Le sujet étant archi-éculé, je suis parti arpenter mon propre chemin de reflexion, vers les sciences sociales et les interactions humaines.
Je me suis souvenu d'un modèle de représentation de l'Homme: la pyramide de Maslow. Pendant que le professeur déroulait gentiment son introduction, avec la rapidité d'une tortue centenaire aux pattes cassées, je tentais, moi, de me remémorer avec précision le contenu de cette pyramide.

Qu'est-ce que la pyramide de Maslow? C'est en fait l'établissement d'une hierarchie dans les besoins et les attentes d'un Homme. En quelque sorte son degré d'accomplissement dans la vie.

1- Assurer la survie, les besoins primaires ( manger, boire, dormir... )
2- Etre en sécurité, avoir un refuge, un toit.
3- Appartenir à un groupe, avoir la reconnaissance sociale et professionnelle.
4- Créer, être utile ( production artistique, etc... )
5- Accomplir sa réalisation personnelle

La voici, cette pyramide, telle que je la reconstituais ce jour-là, avant d'être rejoint par la basse nécessité de prendre des notes, l'orateur ayant enfin terminé sa passionnante introduction.
Après vérification, il s'avère que je me suis trompé sur certains points. Rien de bien grave, mais voilà quelques liens vers le réel modèle, et quelques explications à son propos, toutes relativement succintes:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Pyramide_des_besoins
http://home.nordnet.fr/~sdelbecque/cour/maslow.htm
http://semioscope.free.fr/article.php3?id_article=8
(copiez-collez les liens)

Qu'en pensez-vous? Il est précisé plusieurs fois que ce modèle n'est en fait pas valable, et il est certain que nous connaissons tous des exceptions franchement pas si rares que cela à cette hierarchie.
Pour ma part, et par rapport au modèle plus détaillé indiqué sur wikipédia, l'estime de soi se situe maintenant directement après le besoin de sécurité, suivi par l'amour ( que je sépare du sentiment d'appartenance en m'indignant farouchement qu'on puisse assimiler les deux ); viennent enfin, dans l'ordre, l'accomplissement personnel, l'estime des autres, et l'appartenance à un groupe.
Cela me paraît être le meilleur cheminement pour se réaliser pleinement, et profiter de sa vie sans subir les boulets classiques, comme l'instinct grégaire que j'ai déjà évoqué.
Seulement, cela pose une question. Le sommet de la pyramide doit-il être ce à quoi on aspire? Dans mon cas, je n'ai fait que situer un ordre de priorité rectifié par rapport au modèle de Maslow. Seulement voila, l'appartenance à un groupe est désormais le cadet de mes soucis, et le fait de le placer au sommet ne traduit que ce désinterêt marqué, provoqué par l'investissement dans d'autres priorités.
En effet, l'estime des autres n'est bien souvent qu'un corrolaire à l'accomplissement personnel, et ne doit, en ce qui me concerne, en aucun cas constituer un but en soi. Alors peut être l'estime des autres et l'appartenance à un groupe choisi ne sont-ils que de potentiels indicateurs de la réussite du reste. C'est du moins ce que je crois.

Tout ceci avait-il un but précis? Pas vraiment. Simplement de noter l'existence de la pyramide de Maslow qui, si elle n'est pas toujours valable, permet quand même d'expliquer certains phénomènes et de guider, ou provoquer une reflexion sur ce genre de questions.

Et vous, quelle est votre pyramide?

mardi 18 décembre 2007

Pourquoi la mort ferait-elle peur?

Inutile de le nier; la mort fait peur, et a toujours fait peur, à l'humanité. Ou du moins, elle fascine. Voila quelque chose qui suscite les interrogations les plus folles, les inventions les plus extravagantes, les histoires les plus démentes.
Pour expliquer la mort, ainsi que tous les phénomènes qu'ils ne comprenaient pas, les Hommes ont inventé le mythe, puis la religion. Par peur de mourir, ils s'y sont dévoué corps et âmes, et même si la religion perd du terrain de nos jours, cette peur est encore nettement inscrite dans notre societé.
Pourquoi?

Je me pose la question. Car finalement, qu'est-ce que la mort? C'est l'arrêt de la vie, ni plus, ni moins. Lapalissade, me direz-vous. Certes.
Il n'empêche que cette simple vérité, énoncée froidement, place déjà sur la voie de la bonne façon d'aborder la mort, pour ne plus avoir à la craindre.
Soyons logique. Si l'on meurt, c'est par définition que l'on n'existe plus. Si l'on n'existe plus, nous ne pouvons nous rendre compte que l'on est mort, et encore moins s'en désoler ou le regretter.
Par conséquent, j'affirme haut et fort que la mort ne nous concerne pas.
CQFD.

Dans ce cas, pourquoi avoir peur de sa propre mort? On pourrait même considérer que sa mort est l'élément de sa vie le plus impersonnel qui soit. Notre propre mort affectera incomparablement plus notre entourage que nous-même; évidemment, puisque notre propre mort ne nous affectera qu'à un degré nul, et strictement nul, puisque, encore une fois, nous ne pouvons ni nous en rendre compte, ni le regretter.
Inutile donc de se gâcher la vie en pensant à la mort et en la craignant. Cela n'a aucun interêt, car cette crainte empêche de profiter de la vie, l'empoisonne par une terreur absurde et irraisonnée, et n'apporte rien en retour. Aucun avantage, car craindre la mort et contraindre sa fierté à plier le genou devant elle ne permet pas d'y échapper.

La mort concerne en revanche beaucoup plus l'entourage; cela, on ne peut le nier. Et c'est bien là que se trouve la clé, d'ailleurs.
La mort d'une personne qui nous est chère est extrêmement triste. Cela fait mal, car nous, pauvres vivants, devons supporter le manque qu'occasionne l'absence définitive de l'autre.
Mais il existe une simple façon d'aborder cela. La mort de l'autre est inévitable, qu'elle arrive tôt, ou tard. Il faut également admettre qu'on ne peut revenir en arrière, en aucun cas. J'ai coûtume de penser que pour profiter de la vie, il ne faut pas avoir de regrets pour quoi que ce soit, mais plutôt profiter de toutes les expériences, bonnes ou mauvaises, pour apprécier son présent.
Je pense que la même chose s'applique à la mort. Il ne faut pas la regretter, mais la voir comme une évolution, qu'elle soit minuscule à l'échelle de l'humanité ou énorme à l'échelle d'une existence humaine. Un changement, en quelque sorte, qu'il faut accepter.
Reconnaître sa douleur et la vivre pleinement, intensément, et faire cela comme on peut faire tout ce qui arrive dans une vie, car vivre de cette façon peut apporter le bonheur global au-delà des douleurs ponctuelles.
Puis, après l'avoir acceptée et vécue, après avoir fait son deuil, continuer sa propre vie, intensément, heureusement. Car il ne vaut pas la peine de souffrir pour une chose qui n'a plus d'importance.


Peut être suffit-il de se dire que les morts, plus sages, n'auraient pas voulu que les vivants soient malheureux à cause d'un évènement auquel personne ne peut changer quoi que ce soit...

mardi 11 décembre 2007

Les touristes de l'humanitaire

Aujourd'hui, l'humanitaire est un métier.Il existe des formations, des diplomes et ceux qui font l'humanitaire aujourd'hui sont des professionels expérimentés. Fini le temps des héros qui se lancent dans l'aventure humanitaire! Un nouveau terme est né pour caractériser les amateurs: le tourisme humanitaire.L'humanitaire change de visage donc, et plus encore , connaît une véritable crise. Des problèmes se posent: une neutralité difficile, une dissociation d'avec la politique peu évidente, les effets pervers de l'aide internationale, bref, l'humanitaire fait face a de nombreux dilemmes.Mais la question aujourd'hui est: le tourisme humanitaire, oui ou non?
Les chantiers internationaux de volontairesAujourd'hui, l'humanitaire est plus en vogue que jamais. Est ce un réveil des consciences? Un sentiment de culpabilité? Le besoin de se donner bonne conscience ou une réelle envie d'aider?Quoi qu'il en soit, les ONG et autres associations ou fondations fleurissent. Les chantiers internationaux de volontaires sont nombreux . Le "Partir utile" tente de plus en plus de personnes et beaucoup de jeunes.
Parlons en, des chantiers internationaux de volontaires, ces micro-missions humanitaires accessibles à tous. Les motivations qui reviennent souvent sont les suivantes : "je veux aider", "être utile", "faire quelque chose de bien". Ce qui est plûtot positif en soit, d'autant plus que ces camps peuvent être une expérience très enrichissante et formatrice.Apprendre a travailler ensemble, dans un but commun qui est celui d'aider son prochain est nécessairement positif. Se rendre dans un pays en voie de développement et cotoyer la misère fait assurément réfléchir le volontaire. Cependant, je me demande si finalement ces chantiers ne sont pas davantage profitables aux volontaires qu'aux gens qu'ils sont sensés aider.J'ai moi même participé par deux fois a des chantiers de ce type. Avant le départ, j'étais toujours très excitée et heureuse à l'idée de "partir utile" pendant mes vacances scolaires. Sur place, je prenais mon travail à coeur et je voulais vraiment faire quelque chose de bien, servir a améliorer des choses et à rendre le quotidien des locaux plus agréable. On faisait des jardins potagers, arrachait les mauvaises herbes, repeignait une école...Après le voyage, jétais fière de l'avoir fait. Puis ensuite , on oublie. Maintenant avec le recul, j'ai plutôt le sentiment d'avoir été tout sauf utile. Je trouve tout celà même absurde. Quoi, les mexicains ne sont-ils pas capables d'arracher les mauvaises herbes ou de repeindre leur école eux-mêmes? Ce travail là était-il vraiment utile? Sincérement je ne crois pas... Celà dit, tous les chantiers ne se ressemblent pas. Peut être en existe t-il certains qui sont véritablement utiles? Mais mon avis est qu'il s'agit plutôt de "tourisme humanitaire".
Le tourisme humanitaire
C'est une amusante expression, un peu paradoxale même. Car a priori faire de l'humanitaire n'a rien a voir avec le fait de faire du tourisme. Quand on est volontaire dans un pays en devellopement pour une mission humanitaire, on travaille, on ne s'amuse pas. Il y'a les notions de sérieux et de rigueur dans l'humanitaire que l'on ne retrouve pas dans le tourisme. Le tourisme c'est les vacances, la détente, la découverte, le "fun", et ça n'a donc rien à voir. Le tourisme humanitaire emprunte ainsi des caractéristiques des deux côtés: il s'agit d'une part, d'un temps de vacances qui va être utilisé a des fins utiles, mais un temps très limité et qui ne permette pas une vraie action. Il s'agit d'aller à la rencontre de la misère, des populations défavorisées, pour se rendre compte et sans doute pour aider, mais surtout par curiosité. La pauvreté est le nouvel exotisme des temps modernes! C'est ce qui est souvent reproché aux touristes de l'humanitaire: "ce sont des personnes en mal d'exotisme, qui veulent se donner bonne conscience et impressioner", "des gens qui partent en vacances et se disent pourquoi pas faire un truc utile cet été?" alors qu'ils n'ont aucune compétence particulière, ou formation et expérience dans le domaine de l'humaniataire, et ni vraiment de réel pouvoir d'action en raison d'un temps très limité. Les touristes de l'humanitaire sont donc vus plus ou moins comme des "pollueurs" , des élements indésirables du monde de l'humanitaire.
Pourtant, il y'a bien du positif , même dans le tourisme humanitaire! En effet, ce type de tourisme permet aux gens de se confronter à certaines difficultés de la vie qu'ils ne rencontrent pas chez eux, et à défaut d'être vraiment utiles, ils aprennent. Comme je l'ai dit plus tôt au sujet des chantiers internationaux de volontaires, une telle experience amène véritablement à la réflexion . C'est donc formateur et enrichissant que d'être un touriste de l'humanitaire, comme ça l'a été pour moi. Je ne ferai plus de chantiers c'est certain, mais je ne regrette pas d'en avoir fait pour en avoir appris certaines choses celon moi importantes. Alors après tout, du moment que les touristes de l'humanitaire sont aussi éco-touristes et respectent aussi bien l'environement que les populations locales, pourquoi les dissuader de partir en quête d'enrichissement? Il s'agit certes malgré tout d'un acte égoïste, car l'on part plus pour soi que pour les autres, mais c'est un égoïsme positif je pense.
A débattre....
Vous pouvez visiter ce lien d'une discussion sur ce thème sur le site de VoyageForum:
http://voyageforum.com/voyage/pourquoi_humanitaire_etranger_D102537/

La Chanson du Dimanche


Une petite découverte à partager: La chanson du dimanche, qui commence à devenir populaire sur le net, et quand vous les aurez entendues vous comprendrez pourquoi! C'est frais, c'est drôle, c'est d'actualité, franchement , on en redemande! Voici ma petite préférée, "Petit Cheminot":

Petit cheminot (La Chanson du Dimanche / saison 2-5)

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Gardien de la paix (La Chanson du Dimanche / saison1-11)

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Nicolas et Rachida (La Chanson du Dimanche / saison 2-10)

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Horoscope (La Chanson du Dimanche / saison 2-3)

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Allez visiter leur site pour plus de vidéos (et à consulter toutes les semaines!)
http://www.lachansondudimanche.com/

samedi 8 décembre 2007

Et si l'humain n'était qu'un paisible herbivore?

J'ai souvent, dans ma courte vie, ressenti le besoin de m'interroger sur la pression sociale. Au début, ce n'était qu'embryonnaire, motivé par diverses raisons comme la frustration, l'exaspération, la perplexité, la stupeur aussi. Et puis, c'est devenu plus conscient et réfléchi.

Définissons le terme de pression sociale. Je parle içi de cette idée plus ou moins abstraite qui veut que tout élément ou individu faisant partie d'un groupe aura une tendance innée et très souvent difficilement répressible à se comporter exactement de la même façon que les autres membres du groupe. Ceci n'est qu'une tentative de définition générale, probablement incomplète, ainsi que ma réflexion d'ailleurs.

Mais comment préciser sa pensée, et son raisonnement? Ce n'est déjà pas évident. Contentons-nous d'exemples pour le moment, qui peuvent également avoir le mérite de prouver à n'importe quel sceptique que cette pression sociale est réelle. Les voici, entre ( beaucoup d' ) autres:


http://www.koreus.com/video/experience-ascenseur.html

http://www.dailymotion.com/relevance/search/icare/video/x1e7jj_extrait-i-comme-icare_school


Evidemment, la deuxième vidéo n'est qu'un extrait de film; quant à la première, impossible d'en vérifier les conditions de réalisation. Mais elles sont, je pense, suffisantes pour comprendre de quoi je parle. Beaucoup d'autres exemples connus sont irréfutables, voire proverbiaux: évoquons les Congrès du Parti Nazi d'avant la seconde guerre mondiale, les célèbres moutons de Panurge, ou les effets de comportement d'une foule. Plus simplement, observez une bande de jeunes lycéens tous habillés de façon presque similaire, adoptant les mêmes codes, la même vision des choses, bien souvent aussi les mêmes préjugés.


L'existence de la pression sociale démontrée et vérifiée, et cela fût fait des années avant que je ne commence à réellement m'interroger à ce sujet, j'ai fini par me demander sérieusement quelles pouvaient être les causes et les mécanismes de ce phénomène. Pourquoi la pression sociale est-elle si puissante qu'elle rend, à mon avis, la vie de la plupart des humains sur cette terre d'une banalité affligeante?


Point de départ de ma réflexion: le problème de l'originalité. Ce mot mériterait à lui seul de longs développements, mais prenons-le dans cette optique préçise. La pression sociale, c'est ce qui impose de se soumettre aux cadres, aux concepts, à la morale, aux idées, aux idéaux ( nommons cet ensemble: les valeurs ) du monde auquel on appartient.
S'y soumettre, c'est la banalité. Il faut bien appeler un chat, un chat; un jeune collegien ou lycéen habillé à tel centre commercial ( le même que tous les jeunes de sa région ), dans le même magasin Celio ( ou H&M, ou tout ce que vous voulez ) que les autres, avec le même pull que les autres, le même jean, les mêmes Converse, EST banal.

Que peut donc bien apporter la banalité qui puisse compenser le terrible prix à payer d'être invisible? Les réponses me viennent facilement. La preuve que l'on appartient à tel groupe, la revendication de cette appartenance, le constat de la rassurante approbation dudit groupe ( la validation sociale ), le confort que cela assure.
J'irais même plus loin: la compensation, c'est la facilité, c'est obéir sans discuter et suivre aveuglément son puissant instinct grégaire.


Par définition, l'originalité va à l'encontre de cela, en bouleversant les valeurs établies et en créant la nouveauté, ou du moins, en allant à contre-courant; ou dans le même sens, mais d'une façon différente, décalée, etc.

Là où le bât blesse, c'est que cela implique de se démarquer du monde de référence. Donc, de soutenir le regard des autres, tout étonnés de constater qu'un élément du groupe sort du rang. L'originalité suscite la différence, et par voie d'extension, souvent l'incompréhension voire la peur ( il suffit de voir à quel point il est difficile pour énormément de personnes d'appréhender des cultures différentes... ).

L'originalité signifie donc courir le risque de faire peur. Faire peur aux autres, qui s'inquiètent de voir s'éloigner le récalcitrant, le dénigrent sans hésiter, s'en moquent parfois avec cruauté ( une cour de récrée peut être le lieu le plus cruel du monde ) voire avec brutalité.

Se faire peur, aussi, se faire peur, surtout. Car les réactions du monde et de ses valeurs sont terrifiantes, ne serait-ce que lorsqu'on les imagine. Le ridicule ne tue pas directement, mais son pouvoir de destruction est terrible. La peur d'assumer sa différence, son originalité, ou tout ce qui contredit les valeurs du monde auquel on appartient ( croit appartenir ), voilà qui inhibe une grande majorité du potentiel humain.


C'est donc la peur de trahir ses valeurs, et d'en changer, qui est à l'origine de cette pression sociale. Quelle est l'utilité de la peur, scientifiquement parlant? C'est un ensemble de réactions chimiques et de processus corporels servant à faire face à un danger, et à pouvoir y réagir du mieux possible. Problème: bien souvent, il provoque la fuite.
La peur est un système de protection. Alors, la pression sociale existerait à cause d'un processus de protection de sa propre vie présent naturellement chez chaque être humain?

Et si respecter cette peur, l'écouter, et fuir ce qui cause la peur, permet d'obtenir de nouveau la sécurité; alors, fuir l'originalité, se réfugier dans la banalité, permet d'obtenir la sécurité.
La pression sociale n'est donc qu'un sentiment personnel, mais commun, d'insécurité en cas d'originalité.


Connaissez-vous le système défensif des zèbres? En troupeau, leurs rayures rendent flous les contours de leur corps aux yeux des prédateurs, ce qui leur assure de bonnes chances de survie une fois fondus dans la masse de leurs congénères.
En revanche, sortez un zèbre de son troupeau... et les lions se feront une joie de s'occuper de son cas. Plus aucune sécurité à l'écart de ses semblables.


A ce stade du raisonnement, je n'ai pu m'empêcher de mettre en parallèle les zèbres et les humains, c'était trop tentant.
En fait, il n'y a aucune différence. Ah si, tout de même: les humains n'ont plus de prédateur. Sortir du troupeau n'équivaut donc plus à l'insécurité. Mais bien plutôt à prendre du recul, à regarder le troupeau de l'extérieur, se rendre compte de son uniformité. Et de trouver la liberté de construire son propre monde, ses propres valeurs.

Et une vie qui vaut la peine d'être vécue.


mercredi 5 décembre 2007

Essai de stratégie militaire: la psychologie du chef de guerre

Interessé par le domaine de la stratégie militaire, notamment dans sa dimension logique, froide et raisonnée, j'ai depuis toujours été intrigué par les phénomènes reproductibles, immuables et totalement invariables selon les époques, qui régissent les situations d'affrontement.
Reproductibles, immuables et invariables; cela est facilement démontrable, puisque des oeuvres aussi célèbres que l'Art de la guerre de Sun Tzu, ou Le Prince, de Machiavel, restent encore aujourd'hui des références en la matière.
Quelle que soit l'époque, quels que soient les moyens technologiques à disposition, si les méthodes particulières évoluent ( par exemple avec l'armement ), les grandes lignes de la psychologie d'un affrontement sont étudiables de la même façon, car respectant toujours le même schéma.

Plus que des considérations stratégiques classiques, c'est içi le domaine psychologique de deux chefs d'armée lors d'un affrontement que j'ai voulu analyser, partant de l'idée que l'époque et le terrain du conflit ne modifient pas les grands principes.
Cette étude personnelle et amateuriste est fondée sur des observations, réalisées notamment sur des réçits et reconstitutions de batailles historiques, des parties d'echecs ( ou plus généralement de certains jeux de société ), certains jeux vidéos ( qui peuvent constituer de bons supports à l'étude de la stratégie ), ou même diverses situations de la vie quotidiennes, dans laquelle on peut transposer le terme de bataille à un simple conflit.


1- L'EVALUATION DU RAPPORT DE FORCE

1.1- L'analyse de la situation
Au début de tout accrochage militaire, il convient d'établir un plan de bataille, même sommaire, si on ne veut pas courir à la défaite ou, au mieux, le risque de subir des pertes inutiles.
L'élaboration du plan, si cruciale, ne se fait pas au hasard. Un plan n'est de qualité que s'ill prend en compte tous les paramètres: l'état de vos troupes, de celles de l'ennemi, la superiorité ou inferiorité numérique, la configuration du terrain, la qualité de votre armement par rapport à celui de l'adversaire, etc.
Ces considérations prises en compte, le plan sera conçu en fonction de ces facteurs. Mais, au contraire de l'IA moderne, seule chef d'armée capable de réagir de façon infailliblement logique et raisonnée, après avoir dressé un tableau de la situation, un général/joueur a déjà engagé la bataille psychologique avec son adversaire.

En effet, les résultats obtenus vont le mettre dans un état psychologique différent de celui qu'il avait avant de connaître ces paramètres. A ce niveau, ses capacités à rester lucide, et à résister moralement à un état des lieux extrêmement défavorable, par exemple, vont déjà être mises à l'épreuve; inexpérimenté, et s'apercevant d'une inferiorité numérique flagrante, un général aura tendance à paniquer. A l'inverse, voyant une supériorité numérique écrasante, il tombera dans un dangereux excès de confiance.

On peut donc dire que le combat commence avant même que la tactique entre en jeu: c'est la guerre des nerfs et du renseignement, le but du jeu étant de donner à son adversaire le sentiment que l'on souhaite qu'il ressente, afin qu'il adopte un plan qui nous convient. Cela peut passer par des tactiques de dissimulations de forces, pour diminuer la méfiance et la capacité d'analyse de l'ennemi, et/ou de mise en scène de sa propre faiblesse supposée. Ou encore, par l'exagération de ses forces.

Sun Tzu: « Il y aura des occasions ou vous vous abaisserez, et d'autres où vous affecterez d'avoir peur. Vous feindrez quelquefois d'être faible afin que vos ennemis, ouvrant la porte à la présomption et à l'orgueil, viennent ou vous attaquer mal à propos, ou se laissent surprendre eux-mêmes et tailler en pièces honteusement. »

Sun Tzu: « Toute campagne guerrière doit être réglée sur le semblant; feignez le désordre, ne manquez jamais d'offrir un appât à l'ennemi pour le leurrer, simulez l'infériorité pour encourager son arrogance, sachez attiser son courroux pour mieux le plonger dans la confusion: sa convoitise le lancera sur vous pour s'y briser. »

Si ces tactiques sont classiques, c'est parce qu'elles ont prouvé leur efficacité. C'est donc après analyse de tous les paramètres de l'affrontement qu'il possède que chaque général va logiquement déterminer la meilleure attitude à adopter: défensive, offensive, prudente, agressive...
De là, il concevra son plan de bataille en accord avec l'attitude générale qu'il compte choisir.

1.2- La cruciale relation de pouvoir
L'avantage de prendre l'ascendant sur son vis à vis dans cette phase de la bataille devient donc évident. Prendre l'ascendant ne voulant pas dire ici avoir obligatoirement un rapport de forces favorable, mais simplement avoir determiné son attitude, puis son plan, en toute connaissance de cause; un général avisé dominera son ennemi quel que soit le rapport de force, car il aura adopté la meilleure attitude possible, et parviendra à faire adopter à son ennemi l'attitude, voire le plan, qu'il souhaite voir en face de lui pour en tirer parti. Il pourra donc deviner, au moins dans les grandes lignes, les coups qu'il va devoir parer.

Sun Tzu: « Sun Tzu dit: Il est d'une importance suprême dans la guerre d'attaquer la stratégie de l'ennemi. »

Il va donc disposer ses troupes en conséquences, et appliquer un plan prévu pour prévoir, englober, et détruire celui de l'ennemi; car un adversaire dont on connaît l'état psychologique, que l'on domine donc, est prévisible.

Sun Tzu: « Celui qui excelle à résoudre les difficultés le fait avant qu'elles ne surviennent. »

Pour faire un parallèle avec le sport, sachez qu'un match se gagne dans les vestaires; et qu'une bataille se gagne dans les heures qui la précèdent et dans sa préparation.
La connaissance est source de pouvoir.

Quelques exceptions et nuances à ceci. Il arrive que lors d'un affrontement, la réputation d'un général soit déjà telle qu'elle puisse influer le cours de la bataille. Un Alexandre le Grand ou un Napoléon fera peur, quoi qu'il arrive; cela a ses avantages et ses inconvénients car, si sa propre réputation inspire la peur, l'ennemi se méfiera quoi qu'il advienne. Il faut donc, dans le cas où la réputation joue dans le rapport de force, la prendre en compte.
Si l'on est considéré comme novice, jouer sur le fait que l'adversaire se méfiera moins. Si l'on est considéré comme le plus fort, il faut à tout prix profiter de la domination psychologique immédiate que cela procure, et ne jamais laisser remettre en question sa superiorité en adoptant un comportement agressif attisant la peur et le respect du vis à vis.

Capacités principales requises pour mener à bien la première phase: Anticipation, appréciation, réalisme, réflexion.

Sun Tzu: « Une armée victorieuse remporte l'avantage, avant d'avoir cherché la bataille; une armée vouée à la défaite combat dans l'espoir de gagner. »


2- L'EVOLUTION DE L'ETAT PSYCHOLOGIQUE AU COURS DE LA BATAILLE.

Une fois la phase de préparation achevée, la bataille elle-même s'engage. Alors, les plans des deux généraux vont être confrontés. A l'échelle du raisonnement qui nous interesse, il s'agit plus d'une confrontation de plans qu'une confrontation d'armées; la bataille est logique, froide, et raisonnée, une partie d'echecs beaucoup plus qu'un pugilat désordonné. Laissons donc encore une fois de côté le moral des troupes, sujet plus souvent évoqué, pour étudier l'affrontement mental auquel les généraux se livrent par interposition.

Généralement, les premiers temps de la bataille sont l'occasion de constater l'efficacité ( ou non ) du plan mis en place. Il y a, selon les cas, trois possibilités.

- La victoire totale, évidente et incontestable. Le plan était bien conçu, le combat psychologique gagné, ou le rapport de force materiel trop important. Situation assez peu complexe, entièrement explicable par les considérations développées ci-dessus.

- La défaite immédiate et sans espoir de retournement de situation. Votre plan était d'une insuffisance navrante, vous avez perdu le combat psychologique; à moins que l'infériorité numérique n'ait été trop handicapante pour que vous puissiez y changer quoi que ce soit ( le tort revient aux diplomates, ou aux gestionnaires du royaume ).

- Le bataille s'engage et s'équilibre, promet de durer. C'est alors que la deuxième phase commence réellement, et le mental du général, déjà fort sollicité auparavant, tourne à plein régime.
C'est ici qu'entrent en jeu des capacités mentales quelque peu différentes de celles de la première phase.

La confrontation donnant lieu à un combat indécis, on en déduit que les deux généraux sont de valeur à peu près égale; ainsi que leurs armées ( supposons que ce soit approximativement le cas ).
Alors, si l'un veut gagner la bataille, il doit apporter une valeur ajoutée à son plan, le modifier de façon à pouvoir prendre un avantage décisif.

La tentation est grande, pour un inexpérimenté, de donner de nouveaux ordres et de modifier son plan en fonction de ce qui lui est opposé. Cela dépend de l'attitude qu'il a choisi d'adopter au départ ( offensive, défensive...? ), mais cette réaction est bien souvent une erreur; elle traduit en fait l'acceptation du mode défensif devant l'assaut de l'ennemi, et entérine la défaite dans le combat psychologique, même si cela est inconscient.
Lorsque l'on est obligé de reculer, ou de s'adapter à l'adversaire, le mental l'assimile toujours à une défaite, sauf si cela fait partie du plan de base, auquel cas le recul est prévu et joue un rôle précis destiné à reprendre l'offensive dans des conditions avantageuses.

Il faut, lors d'un choc indécis, garder à l'esprit que:
- Vous verrez toujours les offensives ennemies comme plus dangereuses que les vôtres, ainsi que vous verrez toujours vos lignes et vos hommes plus faibles que celles/ceux de l'ennemi.
- Le général en face de vous a exactement la même vision des choses, et a la même tendance naturelle que vous à voir beaucoup plus nettement ses chances de défaites que ses chances de victoire.

Par conséquent, il faut à tout prix, au lieu de reculer, continuer la bataille mentale à distance avec l'adversaire, se forcer à analyser lucidement la situation, et à prendre des décisons fondées sur la logique et non sur les sentiments ressentis qui, à cet instant, obscurcissent le jugement. Pour forcer la victoire, il faut forcer l'ennemi à reculer, et pas l'inverse: le dernier à tenir remportera la bataille.

Sun Tzu: « Il faut avoir pour principe que l'on ne peut être vaincu que par sa propre faute, et qu'on n'est jamais victorieux que par la faute des ennemis. »

Pour emporter la décision, il faut donc impressionner l'ennemi. Pour le faire céder, il faut lui faire peur, lui donner le sentiment que vous êtes plus dangereux que lui, et que vous êtes en meilleure position que lui pour remporter la victoire. Pour la grande majorité des humains, et cela est paradoxal, le général se fondera sans en avoir conscience sur le comportement ennemi pour déterminer le vainqueur. Si vous adoptez un comportement offensif, que vous l'agressez, que vous prenez possession du terrain, l'ennemi, par prudence, reculera, entérinant sa défaite programmée, ou du moins sa retraite.

Sun Tzu: « Celui qui se défend montre que sa force est inadéquate, celui qui attaque qu'elle est abondante. »

C'est là qu'interviennent certains principes d'execution du plan, et particulièrement la vitesse. Si le harcèlement de l'ennemi est continu, il aura l'impression de subir une pression intenable et fera retraite, même si les deux armées sont en réalité de forces égales.
Pareillement, la persévérance et la determination confirmeront l'ennemi dans l'impression que vous aurez pris soin de lui donner, celle d'un commandant inflexible qui ne renonce jamais même au prix d'un carnage. Un homme dont le mental est plus faible que le vôtre, ou sur lequel vous avez pris l'ascendant, préférera faire retraite plutôt que de risquer l'anéantissement de son armée en luttant contre votre "armée indomptable, mieux équipée, et plus hargneuse que ses troupes" / "personnalité inflexible, tactique fondée sur l'agressivité et la rapidité"; la deuxième option étant inconsciente.

Sun Tzu: « Se rendre invincible dépend de soi, rendre à coup sûr l'ennemi vulnérable dépend de lui-même. »

Enfin, l'opportunisme est crucial dans un conflit indécis; j'y ajouterais l'audace et l'effet de surprise. Deux choses peuvent être totalement destructrices pour le moral aussi bien des hommes que du général: une manoeuvre completement imprévue et une manoeuvre incompréhensible de votre part. Destructrices parce que l'imprévu et l'incompréhensible font peur. Bien menées, des opérations de ce type en pleine bataille feront prendre peur à l'ennemi, qui aura tendance à prendre vos mouvements comme une menace bien plus dangereuse qu'elle ne l'est en réalité.

Il reste cependant important d'être lucide, et de s'en tenir à son plan initial, malgré les modifications toujours nécessaires que vous y apportez. Trop dévier de son plan disperse les troupes aussi bien que les objectifs, et se rendre compte que le front n'est plus qu'un total désordre dont vos objectifs principaux n'emergent plus que difficilement, voire plus du tout, peut être fatal pour le moral.
Un plan bien construit est donc crucial, et peut être salvateur si, au cours du combat, on prend la peine de le réétudier et de s'en souvenir. Le plan est le garant de la lucidité, un antidote anti-panique auquel il convient de se référer fréquemment afin de vérifier la qualité et la cohérence de ses décisions. Si il est possible, et même conseillé, de ne pas appliquer rigidement ledit plan, il est souvent opportun de vérifier que les décisions et ordres donnés en cours de bataille ne sont pas en complète contradiction avec le plan général.

Capacités requises pour mener à bien la seconde phase: Lucidité, improvisation, audace, détermination.

En conclusion, laissons parler le Maître:
Sun Tzu: « Les habiles guerriers ne trouvent pas plus de difficultés dans les combats; ils font en sorte de remporter la bataille après avoir créé les conditions appropriées.
Ils ont tout prévu; ils ont paré de leur part à toutes les éventualités. Ils savent la situation des ennemis, ils connaissent leurs forces, et n'ignorent point ce qu'ils peuvent faire et jusqu'où ils peuvent aller; la victoire est une suite naturelle de leur savoir.
Aussi les victoires remportées par un maître dans l'art de la guerre ne lui rapportaient ni la réputation de sage, ni le mérite d'homme de valeur. »

mardi 4 décembre 2007

Les Européens dans le monde: La prise de Malacca par les portugais (1511)






La prise de Malacca par les portugais d’après la chronique Malaise (1511)






( Cultural contact and textual interpretation de Leyde.)



Navire portugais

La prise de Malacca est bien documentée d’après les sources portugaises qui sont nombreuses. Nous disposons de chroniques portugaises, de la biographie d’Albuquerque rédigée par son fils, et surtout des lettres d’Albuquerque lui-même écrites au roi pour le tenir informé des évènements. Du côté Malais en revanche, nous avons quelques sources, des récits essentiellement, mais assez tardifs par rapport aux événements relatés, et assez éloignés de la vérité historique. Si ces textes n’ont donc pas de grande valeur historique, ils ont cependant le mérite de nous exposer le point de vue des Malais sur la prise de Malacca qui fut un épisode si marquant de l’histoire malaise et de l’Asie en général.Ce texte que nous allons étudier, est un récit qui à été tiré de la chronique malaise dans « La prise de Malacca par les portugais vue par les malais », que l’on retrouve dans l’ouvrage Cultural contact and textual interpretation de Leyde.A l’origine il provient d’un manuscrit le Raffle Malay 32, de la Royal Asiatic Society de Londres. Rédigé en Malais, il fut traduit en anglais en 1618 par Raffle lui-même.Nous ne pouvons dire avec certitude à quelle date et d’où provient ce récit, mais d’après son contenu, on suppose qu’il proviendrait de Johor (à la pointe sud de la péninsule malaise, où le Sultan de Malacca avait du fuir avec son sultanat après la prise de la ville par les portugais). On pense qu’il a dû être rédigé entre 1641 (date de la prise de Malacca par les hollandais) et l’installation des anglais dans la région. En effet le texte mentionne l’arrivée des portugais comme un fait déjà très lointain « c’est une histoire d’il y’a bien, bien longtemps » et l’arrivée des hollandais en 1641 est aussi racontée. Il est donc probable que ce texte a été écrit entre la fin du XIIe siècle au lus tôt et le début du XIIIe siècle au plus tard. Quant à son auteur, il est présenté dans le texte comme étant le Bendahara du roi, c'est-à-dire un ministre du roi de Johor le plus probablement. Pour mieux comprendre en quoi la prise de Malacca par les portugais eu un si grand retentissement et est aujourd’hui considéré comme un événement marquant de l’histoire, il est nécessaire de présenter d’abord ce qui rendait Malacca si importante aux yeux de tous.Il faut savoir que Malacca était le plus grand entrepôt commercial de l’Extrême Orient. Les marchands d’Inde, de Birmanie, de Sumatra, de Bornéo et de Chine y affluaient pour prendre part au commerce, notamment le commerce des épices.A cette époque, les marchands musulmans étaient les maîtres du commerce asiatique et africain. Ils transportaient les marchandises en Egypte d’où les Génois, les Catalans et les Vénitiens jouaient les intermédiaires entre l’Europe et le reste du monde. « Celui qui est seigneur de Malacca à la main sur la gorge de Venise » de Tomé Pires. Après les conquêtes de Calicut (1498) par Vasco de Gama, puis celles d’Ormuz (1507) et de Goa (1510) par Albuquerque, Malacca s’inscrivait dans une suite logique de conquêtes pour s’assurer le monopole commercial en Asie, en détruisant par la même occasion et systématiquement les très anciens réseaux des marchands et comptoirs musulmans. En 1506, Dom Manuel recommandait au prédécesseur d’Albuquerque, Dom Francisco de Almeida, d’établir à Malacca le commerce portugais et de bâtir pour le protéger une forteresse « que ça plaise ou non aux gens du pays ».Comme la plupart des sources malaises dont nous disposons, ce récit est plus littéraire qu’historique. On y repère par ailleurs des erreurs et des confusions diverses, et le récit de la prise de Malacca par les portugais contredit presque tout ce que nous savons du déroulement de l’évènement. Cependant, ce récit n’est pas inintéressant dans la mesure où même à travers ses erreurs et ses confusions, l’auteur nous montre le point de vue des malais et la façon dont ils ont perçu et interprété cet épisode marquant de leur histoire. Le texte peut être découpé en trois parties : une première qui relate l’arrivée des portugais et la façon dont ils auraient amadoué le roi, une seconde qui raconte plus précisément la prise de Malacca par les portugais et enfin l’auteur enchaîne sur la prise de Malacca par les hollandais. Ce texte soulève plusieurs problèmes. D’abord, en quoi la prise de Malacca était elle un coup de poignard porté aux malais ? En quoi ce texte ce fait-il l’écho des souvenirs, préjugées et ressentiment suscités par 130 années de présence portugaise ? Pour répondre à cette problématique, je développerai dans un plan en deux parties. Nous suivrons la logique du texte en s’arrêtant sur le déroulement de la prise de Malacca par les portugais en 1511 comme un coup de poignard porté aux malais, pour terminer sur la revanche des malais avec prise de Malacca par les hollandais en 1641.










Le déroulement de la prise de Malacca tel que rapporté dans le texte est assez éloigné de la vérité historique. Mais en même temps, à travers ses choix, l’auteur démontre une volonté de faire passer les portugais pour des êtres vils et trompeurs. En réalité, les Portugais sont passés trois fois par Malacca et non pas une seule comme raconté dans le texte Malacca étant à l’époque le plus considérable marché de l’Inde, rien d’étonnant à ce que les Portugais y débarquent pour y faire du commerce. Cela, l’auteur l’admet volontiers : « dix bateaux portugais arrivèrent de Manille pour y faire du négoce » (ligne 3). Sans doute en profitèrent-ils pour observer et sans doute Albuquerque avait-il déjà dans l’idée de prendre Malacca, mais en tout cas, pas lorsqu’il y débarqua la première fois. L’auteur insiste aussi sur le fait que les portugais y distribuèrent des cadeaux au sultan et aux notables : « Voilà que le capitaine du bateau vient pour faire du négoce […] et ils apportent comme présents pour le monarque sultan Ahmad Syah de l’or, des réaux, des tissus et chaînes de Manille ». (Lignes 6-7-8-9) et « les capitaines des bateaux commencèrent à distribuer des chaînes en or de Manille à des notables du pays de Maleka » (lignes 20-21-22). Par contre le texte ne mentionne pas que ces cadeaux auraient pu corrompre quelques notables qui se seraient ainsi rangé du côté des portugais puis les auraient soutenus plus tard, lors de la prise de Malacca. D’ailleurs, la formation de partis à l’intérieur du sultanat et l’appui des chinois aux portugais demeurent aussi passés sous silence.










Cependant, les précédentes excursions en Inde avaient rendu les portugais si suspects et surtout aux yeux des musulmans, qui s’arrangèrent une fois de plus (comme à Calicut par le passé), à les rendre suspects et dangereux aux yeux du sultan. Cette suspicion est présentée dans le texte a travers les deux ministres du sultan, Bendahara et Tememgong : « Votre Majesté, Mon seigneur, ne devrait pas être trop confiante à l’égard de ces hommes blancs […] il n’est pas bon que mon seigneur voit d’un bon œil ces récentes arrivées. »






Eglise portugaise à Goa


Dans le texte, l’auteur montre un Sultan naïf, qui accorde une confiance aveugle aux portugais, au point même de les considérer comme ses amis et de leur laisser prendre un bout de leur terre : « demandez donc puisque nous vous l’accordons ! Si c’est quoi que ce soit que nous possédions, nous ne manquerons pas de satisfaire le désir de nos amis ! » Le mot « ami » apparaît six fois dans le texte, donc cinq fois de la bouche des portugais « Nous n’attendons qu’une chose de notre bon ami, du moins si notre bon ami veut demeurer notre ami, l’ami des hommes blancs ». Sans doute l’auteur insiste t-il sur ce terme pour décupler le côté manipulateur des portugais qu’il cherche à faire passer pour des êtres malsains et rusés comme le montre aussi la suite du texte.Pourtant, dans la réalité, le sultan, avisé par les musulmans, ne leur accordait aucune confiance ni encore moins son amitié. Des pièges furent tendus aux portugais où ils tombèrent, de nombreux hommes furent tués et d’autres emprisonnés, ce qui poussa Albuquerque à faire voile. A aucun moment le texte ne mentionne ces événements. L’auteur enchaîne directement sur la prise de Malacca en montrant comment, en utilisant la ruse, les portugais se retournèrent contre leurs « amis » et les trompèrent en bâtissant sur le bout de terre « de la taille de la peau séchée d’un animal » une grande forteresse qu’ils utilisèrent à la nit tombée pour bombarder la ville. Il montre aussi les portugais comme des menteurs , qui justifient la présence d’ouvertures dans la forteresse en les présentant comme des fenêtres alors qu’il s’agit en réalité d’ouvertures pour les canons « Tous les habitants de Maleka demandèrent : Que sont ces ouvertures ? Ce à quoi les portugais répondirent : Ce sont des ouvertures que les blancs utilisent comme fenêtres ». Cette histoire de la peau de chagrin est retrouvée dans d’autres sources malaises concernant par exemple l’établissement des espagnols aux philippines et des hollandais à Java et constitue sans doute un stéréotype appliqué aux peuples européens. Sans doute l’auteur veut-il montrer le manque de respect et l’abus des portugais vis-à-vis du peuple malais et décupler une fois encore leur coté manipulateur, menteur et trompeur par rapport à la naïveté du peuple malais qui lui reste « pur ». Il est dit dans le texte originel : « c’est ainsi que les portugais trompèrent les gens de Malacca, c’est ainsi qu’ils agirent à l’insu des gens de Malacca ».Dans la réalité, les violences qui avaient été infligées aux siens par les malais donnaient au contraire des allures de justice à l’entreprise d’Albuquerque, et justifiaient une seconde excursion à Malacca , le 28 juin 1511 dans le but d’entamer des pourparlers avec le sultan pour la libération des prisonniers . Les pourparlers furent un échec et Albuquerque et ses troupes provoquèrent un grand feu qui brûlaient un à un les entrepôts. Le sultan pour limiter les dégâts, libéra les prisonniers, ce qui entraîna une trêve, mais de courte durée. Le 25 juillet 1511, les vaisseaux d’Albuquerque bombardèrent de nuit la ville de Malacca, et poussant le sultanat à la fuite. Malacca était tombée. Il faut préciser ici que l’élément de surprise a joué un grand rôle dans la réussite des portugais à Malacca. L’utilisation de l’artillerie à bord des bateaux était méconnue des populations locales, et la surprise de la population devant le bombardement nocturne de la ville semble avoir été la clef de la réussite. Le texte montre cet effet de surprise : « Aux alentours de minuit, alors que tout le monde dormait, c’est alors que les Francs bombardèrent la ville de Maleka » Dans le récit, l’auteur accorde une grande place à la ruse comme moyen de prendre la ville. Soit il cherche par ce biais à montrer le côté vil des portugais, soit on peut l’expliquer par le fait qu’à l’époque de la rédaction la puissance navale portugaise n’existait plus et le bombardement naval ne pouvait être compris.
L’auteur relate bien ensuite la fuite du sultan et du sultanat : « Il s’ensuit que, sous le bombardement des Francs à la minuit, le roi Ahmid Syah avec tous ses sujets s’enfuit sans savoir où aller, sans avoir la moindre chance de résister ».En effet, lors du bombardement de la ville le sultan s’enfuit et déplaça sa cours en divers endroits de la péninsule, puis fonda Johor à la pointe sud en 1518. Finalement, l’on peut dire que la prise de Malacca n’a pas eu un impact important dans la vie interne du sultan et du sultanat en tant qu’institution politique. La vie dynastique et institutionnelle a pu continuer normalement à Johor, et représente une coupure bien moins grave par rapport au coup porté à l’hégémonie du sultan sur Malacca et le prestige qui en découlaient. C’est pourquoi l’on peut parler d’une nostalgie de la grandeur perdue, et au-delà, d’un ressentiment profond dirigé contre les Portugais. Le sultan de Johor tentera plusieurs de reprendre Malacca, mais sans succès. Aussi, lorsque les hollandais proposèrent à Johor une alliance contre les portugais pour s’emparer de la ville, les malais y virent un moyen de prendre leur revanche contre ceux qui étaient considérés comme leurs ennemis.La prise de Malacca par les hollandais telle qu’elle est racontée dans le texte est beaucoup plus fidèle à la réalité historique que ce qui précède. En effet, les hollandais, tout comme les portugais, débarquèrent d’abord à Malacca pour y faire du commerce : « après cela un bateau hollandais vint à Maleka pour y faire du négoce » (ligne 67). Ce qui , encore une fois, n’est pas surprenant car même sous domination portugaise , la ville est restée très active, et l’auteur n’oublie pas de le préciser « : « Et pendant que les portugais restèrent à Maleka, la ville fut très active et nombreux furent les marchands qui vinrent commercer dans le port ». (Ligne 64-65). En effet les portugais n’on pas monopolisé le commerce maritime en Asie ; au lieu d’éliminer les marchands natifs de Malacca, ils ont plutôt tenté de la contrôler et d’en tirer un profit par le biais des douanes.Ce qui n’est cependant pas relaté dans le texte, est que avant de s’allier avec Johor et de prendre Malacca en 1641, les hollandais ont tenté par deux fois cet exploit.En 1606, ils envoyèrent une lettre au port disant aux portugais de se préparer car le lendemain à midi ils attaqueraient la ville. Cette première tentative fut un échec. Puis en 1629, ils organisèrent le siège de Malacca mais ils furent cette fois encore repoussés. La troisième fois, il fallut ruser. Comme mentionné dans le texte, les navires hollandais firent escale à Banten de Java où ils avaient un comptoir : « Et voyez les faire voile en direction de la ville de Banten de Java. Il y avait à cette époque un comptoir de la compagnie hollandaise à Banten de Java » (lignes 78-79). De là, ils entamèrent un échange de lettre avec le sultan de Johor lui proposant une alliance pour attaquer Malacca : » Les hollandais envoient des lettres à Johor, afin de s’allier avec le sultan Johor pour attaquer la ville de Maleka » (Lignes 81-82).Il était convenu que les malais attaqueraient par voie de terre, tandis que les hollandais attaqueraient par voie de mer. Malheureusement, cette attaque allait se solder par un échec probable, et les morts étaient nombreux de chaque côté. C’est alors que, tel que l’auteur l’explique dans son récit, Johor se résolu à utiliser la ruse, et de n’envoyer qu’une poignée d’homme (50) dans la ville, pour y faire amok : « Il fut décidé par tous les bons Malais que la meilleure chose serait d’envoyer 50 hommes dans la place, et qu’une fois à l’intérieur ils s’y déchaîneraient ». (Lignes 88-89-90). On peut se demander comment, avec seulement une poignée d’homme, Johor parvient à prendre Malacca sans pourtant y être parvenu auparavant tout comme les hollandais qui pourtant possédaient une puissance navale non négligeable. En réalité, il est probable qu’une cinquantaine de Malais au milieu d’autres malais passaient inaperçus contrairement à une armée. Personne n’a pu les voir venir ni anticiper leur attaque. Et, une fois à l’intérieur des fortifications, ils pouvaient faire bien plus de dégâts dans la ville et ainsi ouvrir la porte aux hollandais qui n’avaient qu’à « finir le travail ». Cependant, le texte ne mentionne pas l’intervention hollandaise. La chute finale de Malacca est présentée comme une victoire essentiellement malaise. Même si l’auteur ne le précise pas, les hollandais n’ont finalement pu prendre Malacca uniquement grâce à l’intervention malaise, car ils avaient déjà échoué deux fois devant la ville, dont ils ne purent s’emparer qu’avec l’aide d’une poignée des hommes de Johor. Cependant, Malacca ne reviendra pas aux malais. Selon l’accord établi en cas de réussite, il était prévu que la ville reviendrait aux hollandais, et que le trésor de Malacca serait également divisé entre les deux parties : « s’ils prenaient Maleka, alors la ville et l’artillerie reviendraient à la hollande, et toutes les richesses seraient divisées en deux parts, une pour les hollandais, et une pour les hommes de Johor. Et cet accord fut célébré solennellement. »Les malais ont librement accepté cet accord et l’ont respecté. Ce qui est étonnant car l’on pourrait penser que la véritable revanche serait pour les malais de se rétablir à Malacca après avoir conduit les portugais à la défaite. Pourtant, la prise de Malacca par les portugais, présentée comme un fait dramatique, se trouve pratiquement annulée et vengée par la conquête hollandaise, à laquelle les malais ont physiquement participé et ont été la clef de la réussite. Finalement, la revanche a été obtenue, même partiellement, car les portugais, boutés hors de Malacca, perdent à leur tour leur prestige. Leurs villes tomberont d’ailleurs les unes après les autres au profit des hollandais, marquant la fin de la domination portugaise en Asie, mais en accentuant la domination européenne.Cette idée de domination européenne, qui semble pourtant si évidente à nos yeux, n’apparaît pas dans le texte. L’auteur ne semble même pas réaliser que les hollandais, au même tire que les portugais, sont des européens. Lorsqu’il nomme « Le Grand Roi d’Europe », pour désigner le roi des Hollandais marque bien cette confusion. Car en effet, si le roi des hollandais était aussi le roi d’Europe, alors il serait aussi le roi des portugais. Or, l’auteur apparemment n’identifie pas les portugais à des européens, et ses erreurs et confusions sont éclairantes à ce sujet. En effet, dans le texte, les portugais ont leur « grand roi » à Goa, qui est aussi selon l’auteur, la capitale portugaise, et qui fournit aussi le modèle de fortification de Malacca : « Ils adressèrent une lettre à leur ville principale dont le nom est Goa, disant que Maleka avait été prise. […] Et quand quelques temps se fut écoulés, deux mois après que la lettre lui ai été parvenue, le grand roi envoya une lettre en retour disant qu’ils devaient construire un grand fort de granit dans la ville de Maleka […] et qu’elle devait être en tout point identique à celle de Goa » (lignes 55 à 61)Ainsi, pour l’auteur les portugais et hollandais n’ont aucune parenté, et il les situe même à deux pôles opposés, les uns étant présentés comme des alliés et les autres comme des ennemis. Peut être peut on aussi interprété cette confusion par le fait que l’auteur aurait transposé une situation qu’il connaissait, dans le passé. En effet, au moment de la rédaction, même si les portugais avaient perdus leur monopole en Asie, ils demeuraient encore très présents et ancrés depuis longtemps sur place. Le métissage et les population locale converties au christianisme et plus ou moins intégrés à la culture portugaise pouvait laisser croire que les portugais étaient un peuple d’asie.Quoiqu’il en soit, les confusions de l’auteur sont assez révélatrices de la vision des choses des malais à cette époque. L’on remarque quelque soit la raison pour laquelle il distingue les hollandais des portugais, leur victoire st aussi celle des Malais et l’affront à été vengé.



Pour conclure, on peut dire que ce texte très subjectif et sans grande valeur historique est tout de même révélateur d'un certain nombre de choses qu'aucune autre source ne peut montrer: en effet, comme nous l'avons vu, l'auteur ne s'attache pas à la vérité historique mais cherche plutôt à montrer une image négative des portugais à travers un récit inventé de la prise de Malacca. Par la suite, il démontre comment son peuple a su prendre sa revanche sur l'affront qui leur avait été fait avec le récit de la prise de Malacca par les hollandais qui lui en revanche, reste assez fidèle à la réalité historique. Celà ne signifie pas que l'auteur ignore complétement le déroulement véridique de la prise de Malacca , mais au contraire, on peut supposer qu'il ai choisi de raconter cette histoire fictive pour mieux montrer le côté vil et trompeur de ces hommes blancs qu'il méprise. D'ailleurs, on pourrai ajouter que ce que l'auteur montre des portugais correspond mieux à l'image qu'on avait d'eux à cette époque en Asie et dont ils eurent à se justifier à diverses occasions. Ses choix ne sont pas anodins, au même titres que ses erreurs qui nous en disent long sur l'idée que se faisaient les malais des différents peuples européens présents en Asie et de cet événement marquant que fut la prise de Malacca.



Notes

Confusions & erreurs (non expliquées dans les commentaires parce que pas véritablement éclairantes sur les intentions de l’auteur)
-La réf à Manille (anachronisme, Manille n’avait été prise que 60 après et est due à une confusion entre portugais et espagnols). La pse portugaise fut bcp plus maritime que l’espagnole, qui se solda rapidement par une domination territoriale presque totale de l’espace philippin. Mais les deux peuples, trop semblables par la langue, la race, la religion et les mœurs pouvait prêter à confusion pour les malais qui les identifièrent

-« francs » peringri désigne les catholiques en général.

Bibliographie

- Histoire du Portugal des origines à nos jours, A.H de Oliveira Marques, éditions Horvath

- Cultural contact and textual interpretation, Leyde, 1983-1986.

- Albuquerque, Le lion des mers d’Asie, G. Bouchon, éditions Desjonqueres, 1992

- Lisbonne hors les murs, 1415-1580. L’invention du monde par les navigateurs portugais, M. Chandeigne, éditions Autrement, 1990.

- L’Europe et la conquête du monde, J. Meyer, éditions Armand Colin, 1996.

- Histoire du Portugal, La Bourdette, Fayard, 200

- Wikipédia.

lundi 3 décembre 2007

Les idéologies: discours dinvestiture de George Bush (père) en 1989

Georges Hebert Walker Bush est issu d'une famille où la politique et l'engagement dans la vie publique sont des traditions. Elevé dans la religion protestante, il est aussi un pratiquant fervent. Pour lui, le monde est un théâtre où s’affrontent les forces du bien et du mal. En 1944, alors qu’il s’est engagé dans la US Navy, il estime qu’il se bat avant tout contre les « forces du mal » et il est animé d’une croyance en la primauté du droit. De même que son père, Prescott Bush, qui devient sénateur de l'Etat du Connecticut en 1952, George Bush s'intéresse à la politique. En 1971, il est nommé ambassadeur des USA auprès des Nations –Unies, et il occupera de nombreux autres postes tout au long des années 70. Membre du parti Républicain, il est vice-président des USA sous Ronald Reagan (1981-1989), avant de devenir le 41e président des USA en 1989.

Mais quel est le bilan du mandat Reagan ? Dans quel contexte George Bush accède t-il au pouvoir en 1989 ? Tout d’abord sur le plan économique, Bush hérite d’un important déficit budgétaire. La pauvreté et l’insécurité dans les villes constituent aussi une dure réalité. Mais sur le plan des relations internationales George Bush hérite d’une situation extérieure beaucoup plus favorable que celle de son prédécesseur. Lui qui dénonçait l’URSS comme « L’empire du mal », l’ère Reagan marque cependant le rapprochement des USA avec L’URSS. Depuis 1985, avec l’ascension progressive de Gorbatchev en URSS, le dialogue est renoué et débute une politique de désarmement des deux parties. C’est une nouvelle détente.

C’est dans ce contexte que, la main gauche posée sur la même Bible que celle utilisée par George Washington deux siècles auparavant, George Bush prête serment le 20 janvier 1989, à midi, au pied du Capitole. Dans son discours d’investiture dont notre texte présente un extrait, Bush se pose en défenseur de l’héritage Reagan et réaffirme un certain nombre de valeurs traditionnelles qui avaient fait leurs preuves : l’éthique du travail, la morale chrétienne, la croyance en Dieu, et la défense de la liberté. Ce sont les mêmes valeurs que Reagan avait réinvesti alors que les USA connaissaient le désarrois de l’après Viet Nam, et ce sont ces valeurs qui redonnèrent confiance aux Américains. Ainsi Bush rappelle dans son discours les fondements de l’idéologie américaine, composées de valeurs porteuses d’espoir et de confiance. Il s’agit de rendre aux USA leur responsabilité et leur autorité dans le monde. Mais il faut aussi résoudre les problèmes internes des USA, qui sont comme nous l’avons vu, la pauvreté , la criminalité urbaine, un déficit budgétaire inquiétant, une économie chancelante et c’est sur ces derniers points que Bush clôt son discours.

Quels sont les fondements de l’idéologie américaine ? En quoi cette idéologie a-t-elle une vocation mondiale ? Comment les valeurs doivent –elles aider a surmonter les problèmes internes du pays ?

L’étude de ce texte se fera en deux parties organisées de manière thématique : dans un premier temps, nous verrons, quelle est la place de la religion dans la vie politique : un Président investi d’un devoir divin qui défend des valeurs chrétiennes. Puis nous étudierons les problèmes internes des Etats-Unis et nous verrons en quoi les Etats-Unis ont une mission pour le monde.

« Mon premier geste de président sera une prière » (L1). Le discours d’investiture de George Bush débute par une prière, et termine (comme dans tous les discours de présidents américains), par la demande de bénédiction divine : « Merci. Que Dieu vous bénisse, vous et les Etats-Unis d’Amérique » (L36). On sait que George Bush à été élevé dans la religion protestante, qu’il est très croyant et fervent pratiquant. Mais de manière générale, contrairement à la société française fondamentalement laïque, les USA ont conservé une forte culture religieuse et le peuple américain reste encore aujourd’hui imprégné de la religion, en majorité protestante. En atteste cette phrase de William. O. Douglas qui déclara en 1951 : « Nous sommes un peuple religieux » et sans oublier la divise nationale « In God we trust » figurant même sur les billets de banque américains. La référence à Dieu est présente partout, depuis l’école où les élèves prêtent serment au drapeau et à la nation "sous Dieu", jusqu'aux serments du Président sur la Bible. Sa prière, Bush l’axe sur l’idée qu’en tant que président, son rôle est d’être au service du peuple : « il n’existe qu’un emploi juste du pouvoir, et c’est de servir le peuple » (L 3-4). Le pouvoir ne doit pas être utilisé pour servir des intérêts personnels, mais pour servir les intérêts de tous et représenter le peuple le mieux possible. On peut trouver là dedans l’idée d’un président investi d’un devoir divin qui doit orienter sa politique. Il ne s’agit pas d’un président représentant de Dieu sur terre comme pouvaient l’être les rois d’Europe à l’époque moderne, mais plutôt d’un président croyant dont la politique doit aller dans le sens de Dieu, c'est-à-dire qui doit respecter une morale et des valeurs chrétiennes. C’est l’idée qu’au fond, la nation ne trouve son accomplissement que dans la mesure où elle réalise une loi transcendante, divine. Mais quelle est cette loi ? Quelles sont ces valeurs religieuses prônées par Bush et qui orientent l’idéologie américaine ?

Cet aspect religieux de la société américaine remonte à l'origine même de la fondation des Etats-Unis, quand à la fin du XVIIIème siècle, les fondateurs de la nouvelle nation en arrivèrent tout naturellement à penser qu'ils fondaient là le "temple de la liberté et phare d'espoir pour toute l'humanité". Les Etats-Unis étaient, selon eux, la résultante des meilleures idées de la civilisation européenne. La liberté est donc le premier fondement de l’idéologie américaine. George Bush ne fait que le réaffirmer dans son discours : «Nous savons ce qui réussit : la liberté réussit. Nous savons ce qui est juste : la liberté est juste. Nous savons comment assurer à l’homme plus de justice et de prospérité : grâce au libre échange, à la liberté de pensée, aux élections libres, et au libre exercice de la volonté (…)» (L 5 à 10) La liberté est la condition suprême à la réalisation d’une justice divine qui permet à l’homme de s’accomplir et qui lui permet aussi, de s’enrichir (Bush parle de « prospérité »). Il faut savoir que dans la religion protestante le rapport à la richesse est différent : il y’a un devoir de richesse. La pauvreté « volontaire » est condamnée, car Dieu n’appelle pas à la pauvreté comme chemin pour le mener à lui, autrement c’est vouloir se justifier par soi même, alors que seul Dieu justifie. Etre prospère signifie avoir la bénédiction divine. Mais la richesse ne peut pas être une fin en soi, elle est le fruit du travail. C’est le travail et le sacrifice qui est louable, concevoir la richesse comme une jouissance c’est lui donner une mauvaise orientation, et cette idée, Bush l’énonce également dans son discours lorsqu’il dit « Nous laissons nous séduire par les biens matériels et sommes nous moins sensibles à ces nobles valeurs que sont le travail et le sacrifice ? » (L 12 à 14) Max Weber dans L’éthique protestante nous l’explique ainsi : « Toute heure de travail perdue est une heure de moins à la gloire de Dieu. » La richesse comme jouissance est un danger, mais la richesse comme résultante d’un travail acharné est mérité et signe la bénédiction de Dieu.

Bush énonce d’autres valeurs qui sont la loyauté, l’amour, et la citoyenneté : « Nous devons former le vœux de leur faire comprendre ce qu’est un ami loyal, un parent aimant, un citoyen qui œuvre à l’amélioration de son foyer, de sa ville. » (L 17 à 19) Ces valeurs sont à caractère moral. Il n’est pas bon de mentir, de cacher, de tromper, il faut être loyal et honnête. Il ne faut pas haïr, délaisser, ignorer l’autre, il faut aimer. Il faut être un bon citoyen, qui apporte sa participation pour rendre le pays meilleur, et cela passe, à l’échelle de chaque homme, par l’amélioration et un respect de son lieu de vie (foyer et ville). Toutes ces valeurs, de liberté, de loyauté et d’amour, Bush les applique à la Nation : « L’Amérique est aujourd’hui une nation fière et libre, honnête, aimable, un pays qui force notre amour. » (L 10-11) Et chaque citoyen doit être à l’image de son pays, car ce sont les hommes qui font la Nation.

Et tous les hommes ne sont pas à cette image. En effet, les Etats-Unis connaissent des problèmes de pauvreté, d’inégalité et d’exclusion : « Il y’a les sans- abris, perdus et errants. Il y’a les enfants qui n’ont rien, ni amour ni vie normale. Il y’a ceux qui ne parviennent pas à se libérer de toutes sortes d’asservissements, la drogue, l’assistance publique, le désespoir qui règne dans les quartiers déshérités. » (L 24 à 29) Depuis les années 80, la diminution massive du nombre d’emplois dans l’industrie au profit de la création d’emplois dans les services a contribué à la diminution des salaires, et en particulier des bas salaires. La productivité étant moins élevée dans les services que dans l’industrie, une baisse des salaires s’est ensuivie par ajustement de l’offre à la demande. Les licenciés non qualifiés de l’industrie ont donc été contraint par la force des choses d’accepter un emploi moins bien rémunéré dans le secteur des services.
Pour ceux qui ont atteint l’âge mûr, il est beaucoup plus difficile de se reconvertir et un bon nombre restent ballottés de petits jobs en petits jobs ou restent au chômage.
Pour les plus jeunes non qualifié le problème se pose aussi, car avec des bas salaires et faute de formation ils ont plus de mal à sortir de la précarité que les générations précédentes.
Ces deux extrêmes d’âge génèrent donc des travailleurs pauvres. Ce n’est donc pas tant le chômage qui pose problème : 1983 et 1989, 18 millions de nouveaux emplois ont été crées. Le problème vient surtout de la précarité, de la situation dans les ghettos et de la ségrégation raciale, ainsi que de la drogue.

Bush poursuit en supposant que de ce problème de pauvreté naît un autre problème : celui de la criminalité : « Il faut vaincre la criminalité, et surtout, la violence urbaine. » (L 28-29) Mais ces problèmes ne seront pas réglés par des aides financières et des minima sociaux : « La vieille solution, l’ancienne méthode était de penser que les fonds publics permettraient à eux seuls de régler ces problèmes. Nous avons appris qu’il n’en est rien. » (L 30-31) En effet, en 1987, des mesures avaient été prises dans ce sens, mais n’avaient cependant pas fait reculer suffisamment la pauvreté malgré les millions de dollars dépensés. Bush en conclut que la lutte contre la pauvreté engendre elle-même la pauvreté, car les programmes d’assistance (dans les sortes d’asservissements Bush nomme aussi l’assistance publique) n’encouragerait pas l’effort personnel que tout homme doit fournir conformément l’éthique protestante comme nous l’avons vu précédemment. C’est d’une certaine manière l’idée de prédestination. On ne peut rien faire pour les pauvres, ils sont les seuls à pouvoir, par la force de leur volonté, à se sortir d’une situation précaire. C’est cette idée de volonté forte comme moyen pour résolver les problèmes qu’énonce Bush : « Notre volonté est plus grande que notre portefeuille, mais c’est de volonté dont nous avons besoin ». (L 34-35) Quand il parle de « portefeuille vide », Bush signifie l’important déficit budgétaire dont il a hérité : « Nos ressources financières sont faibles. Il nous faut réduire le déficit national. » (L 32-33) Qualifiée « d’économie de Vaudou », Reagan avait diminué les impôts et simplifié les modalités de la ponction fiscale, tout cela aux dépens d’un déficit déjà inquiétant. En 1981, le déficit était de 79 milliards de dollars, et il était passé en 1986 à 221 milliards. Ainsi, le gouvernement Bush doit faire face à des problèmes internes au pays, mais il a aussi une mission pour le reste du monde.

Depuis tout temps, l’Amérique se veut dépositaire de valeurs universelles, acceptables par tous les peuples : « L’Amérique n’est pleinement elle-même que lorsqu’elle poursuit un grand dessein moral. Nous, peuple des Etats-Unis, avons aujourd’hui un tel objectif : donner au pays un visage plus humain, au monde une physionomie plus douce ». (L 20 à 23) George Washington affirme que « chaque pas qui nous fait avancer dans la voie de l'indépendance nationale semble porter la marque de l'intervention providentielle ». La certitude que l'Amérique a été élue par Dieu pour une destinée particulière dans le monde imprègne des textes qui sont encore fondamentaux pour les Américains, comme la Déclaration d'indépendance, le Bill of Rights, la Constitution fédérale. On retrouve cette idée dans tous les discours : à l'issue de la Première Guerre mondiale, le président Wilson affirme : « L'Amérique est la seule nation idéale dans le monde [...]. L'Amérique a eu l'infini privilège de respecter sa destinée et de sauver le monde [...]. Nous sommes venus pour racheter le monde en lui donnant liberté et justice. » Ce genre d'idées perdure après la Seconde Guerre mondiale, lors de la confrontation avec l'empire athée qu'est l'Union soviétique. Le président Johnson déclare en 1965, lors des débuts de l'engagement des États-Unis au Vietnam, « l'histoire et nos propres oeuvres nous ont donné la responsabilité principale de protéger la liberté sur la terre », et Ronald Reagan affirme en 1982, après que les Soviétiques ont pris le contrôle de l'Afghanistan, que l'Amérique, « cette terre bénie a été placée à part, d'une façon particulière, qu'il y a un plan divin qui place ce grand continent entre deux océans pour être découvert par des peuples venus des quatre coins du monde avec une passion particulière pour la foi et la liberté ».Ainsi, les Etats-Unis se posent en défenseurs du monde libre et ont la mission d’exporter la liberté partout, comprenant aussi que leur système ne peut marcher que dans un monde libre. Les Etats-Unis doivent intervenir dans le monde, combattre « les forces du mal » quelles qu'elles soient et où qu’elles soient, afin de libérer le monde et de le transformer en quelque chose de meilleur et de plus moral, fonction de l’idéologie américaine. Depuis les origines, les Etats-Unis, dans le cadre de leur "mission divine", se doivent donc de créer une forme de société fondée sur la liberté, qui soit source d'inspiration pour toute l'humanité.

Dans son discours d’investiture, Bush ne fait que rappeler les fondements de l’idéologie américaine qui trouvent leur source aux origines de la nation. Depuis le début de leur création, ce sont les mêmes idées et les mêmes valeurs que les Etats-Unis ont défendu sur leur territoire et par delà le monde. Ces valeurs traditionnelles, inspirées de la morale chrétienne, orientent tous les aspects de la vie politique aux Etats-Unis. Et l’idéologie américaine, la plus juste parce qu’inspirée par Dieu, doit s’exporter partout ailleurs dans le monde. Ils sont les leaders du monde libre. Cet aspect est important pour la suite des événements. Comme nous l’avons précisé en introduction, en 1989 Bush prend le pouvoir dans un contexte international relativement favorable. Très peu de temps après son élection, cette nouvelle détente sera rapidement suivie par l’éclatement de l’URSS. George Bush sera le premier président à passer de l’ancien système bipolaire de la guerre froide à un nouveau contexte mondial dans lequel les Etats-Unis seront l’unique grande puissance. Avec leur conviction d’être investis d’une mission pour le monde, et l’idée qu’il faut combattre le mal, les USA interviendront à plusieurs reprises. Alors, des questions se posent : les USA, gendarmes du monde ? Un nouvel ordre mondial ?

PLAN DU COMMENTAIRE

Introduction.

I. La dimension religieuse et les fondements de l’idéologie américaine.

1. Un président investi d’un devoir divin

2. Liberté et travail

3. Loyauté, amour et citoyeneté

II. Une mission locale et internationale

1. Des problèmes internes

2. La force de la volonté

3. Une mission pour le monde : exporter la liberté

Conclusion et ouverture.



BIBLIOGRAPHIE

Livres :

  • Kaspi André, Les américains, les Etats-Unis de 45 à nos jours, Seuil, 1986
  • Heffer Jean, Les Etats-Unis de Truman à Bush, Armand Colin, 1992
  • Nouailhat Yves – Henri, Histoire des doctrines politiques aux USA
  • Vaïsse Maurice, Les relations internationales de 45 à nos jours,

Armand Colin, 2005

  • Weber Max, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Plon, 1964
  • Richet Isabelle, La religion aux États-Unis, Paris, Que Sais-Je ? 2001

Sites Web :

  • Thucidide, Les fondements de la politique étrangère américaine :

- Les héritages fondamentaux : la Destinée Manifeste et la mission des Etats-Unis

- Les héritages fondamentaux : réalisme et idéalisme en matière de politique étrangère

- Pratiques et évolution de la politique étrangère (années 1920 à 1948)

- Pratiques et évolution de la politique étrangère : la Guerre Froide (1947-1991)

- Pratiques et évolution de la politique étrangère : 1991-2004, un Nouvel Ordre Mondial ?

- La politique étrangère de George W. Bush : rupture ou continuité dans l’histoire américaine ?

http://www.thucydide.com/realisations/comprendre/usa/usa5.htm