Avez-vous remarqué comme tout le monde est inquiet? Je suis certain que oui. L'inquiétude et le stress règnent sur le monde, même, et surtout, là où l'on n'en a pas besoin. C'est à dire, en fait, quasiment partout.
L'inquiétude, s'inquiéter pour quelque chose, c'est avoir peur de quelque chose. D'où le stress engendré. Je ne parle pas ici du sentiment comparable à de l'excitation impossible à contenir qui survient lors des évènements imprévus ou exceptionnels ou mal contrôlés. Non, ce qu'on pourrait appeler le trac me semble nécessaire, et naturel. Il pousse à se sublimer, en mobilisant toutes les capacités humaines.
Le stress est différent du trac. Il est contre-productif, et détruit au contraire les moyens de celui qui le subit. Et il est omniprésent: énormément de gens stressent pour tout et n'importe quoi, parfois sans raison apparente... ou plutôt sans bonne raison.
Pourquoi ce stress? Pourquoi cette peur ambiante et contagieuse? Quand on y réfléchit deux minutes, cela semble à mon sens parfaitement stupide.
Je vois plusieurs causes à cet effet; et je suis sûr que je ne suis pas exhaustif. Souvent, la peur de sortir du rang amène le stress, et rappelle instantanément à la normalité. Parfois aussi, on s'inquiète de perdre quelque chose - ou quelqu'un. Régulièrement, enfin, on s'inquiète de ne pas gagner ce à quoi on aspire.
J'ai envie de m'arrêter sur la peur de perdre. Toute aussi réelle, mais plus commune que la peur de ne pas gagner. Pourquoi cette peur de perdre? Tout bêtement parce que l'on est attaché à ses possessions. Et que s'attacher revient trop souvent à craindre de perdre. C'est l'angoisse de l'élu, dont le symbole est l'Homme qui possède tout, et se sent si privilégié qu'il ne fait qu'appréhender son retour à la réalité au lieu de profiter de sa situation.
Alors une partie de la solution pour ne plus subir l'inquiétude serait de ne rien posséder, tel Diogène de Sinope?
( http://fr.wikipedia.org/wiki/Diog%C3%A8ne_de_Sinope )
Pas forcément. D'abord parce que ce choix est réellement difficile, presque impossible dans notre société capitaliste d'aujourd'hui. Je serais moi-même farouchement opposé à l'idée d'abandonner tout ce que j'ai et d'aller m'installer sous un pont. Je tiens à mon confort matériel, écrin du bien-être spirituel.
Ensuite, parce qu'il est tout à fait envisageable de cesser quand même de s'inquiéter de perdre ses biens, même en y étant relativement attaché. Il suffit de s'y attacher de la bonne manière. Qu'il s'agisse d'une paire de chaussures, d'un instrument de musique, d'une maison ou même d'une personne, il faut admettre une fois pour toute que rien n'est éternel, et que les chances de perdre l'objet de l'attachement existent bel et bien. Une fois ceci accompli, il devient évident que la seule chose qui compte est de profiter de sa chance comme si elle était momentanée ( et elle peut parfaitement ne pas l'être ) sans se demander quand elle s'arrêtera, car cela n'a strictement aucun interêt; principalement parce que cela est souvent imprévisible.
C'est là toute la différence - et elle est énorme - entre réduire son malheur et construire son bonheur.
Un exemple simple: votre maison brûle dans un incendie, avec tous vos biens. Et alors? Vous avez beaucoup perdu, certes. Mais pensez surtout à ce que vous avez gagné. L'argent de l'assurance (soyons pragmatique) qui vous permettra de repartir d'un bon pied. Mais aussi l'occasion de choisir un nouveau lieu de vie, pourquoi pas un nouveau travail et de nouvelles relations, et l'expérience obtenue sur la façon de gérer ce genre de... gros imprévus.
C'est l'exemple bateau par excellence, mais il est symbolique. Vous avez été licencié? Quelle importance, tant que vous pouvez vous retrouver avec vos amis pour boire une bière sur une terrasse ensoleillée? Strictement aucune, vous n'en vivrez pas moins bien. Si seulement vous voulez l'admettre. En revanche, pour que la théorie fonctionne, il faut bien évidemment que cela soit une motivation pour retrouver un nouveau travail, ou pour changer de vie - pour un père de famille, je comprend le problème et la situation est quelque peu différente. Si ce n'est pas le cas, votre confort matériel sera bien moins grand, certes. Cela a-t-il une incidence sur votre santé spirituelle?
D'ailleurs, si vous avez stressé pendant une semaine avant de recevoir la nouvelle, vous avez stressé pour rien. En admettant que vous ayez conservé votre poste, le stress était inutile. En admettant que vous l'ayez perdu... le stress a-t-il fait avancer les choses?
Non, et c'est surtout là que je voulais en venir. Ce type de situation serait beaucoup plus dur à gérer pour un(e) chef de famille que pour une personne seule, certes. Mais dans tous les cas, je maintiens que tout stress engendré par l'éventualité d'une telle perte est totalement improductif.
Comme Quentin et moi l'avions conclu lors de notre conversation, il est déplorable de passer sa vie à craindre le futur, et ce qui pourrait y arriver de pire. Autant profiter du présent et de ce qui s'y passe d'agréable, sans oublier de traiter les points négatifs pour les régler du mieux possible; en gardant à l'esprit qu'ils ne valent pas la peine qu'on s'en inquiète.
Lorsqu'un problème survient:
S'il existe une solution, il ne sert à rien de s'inquiéter; il faut la mettre en pratique.
S'il n'existe pas de solution; il ne sert à rien de s'inquiéter puisque l'on ne peut strictement rien y faire.
1 commentaire:
Donc, disais-je, j'aime bien le passage sur le chef de famille...
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