La prise de Malacca par les portugais d’après la chronique Malaise (1511)
( Cultural contact and textual interpretation de Leyde.)
Navire portugais
La prise de Malacca est bien documentée d’après les sources portugaises qui sont nombreuses. Nous disposons de chroniques portugaises, de la biographie d’Albuquerque rédigée par son fils, et surtout des lettres d’Albuquerque lui-même écrites au roi pour le tenir informé des évènements. Du côté Malais en revanche, nous avons quelques sources, des récits essentiellement, mais assez tardifs par rapport aux événements relatés, et assez éloignés de la vérité historique. Si ces textes n’ont donc pas de grande valeur historique, ils ont cependant le mérite de nous exposer le point de vue des Malais sur la prise de Malacca qui fut un épisode si marquant de l’histoire malaise et de l’Asie en général.Ce texte que nous allons étudier, est un récit qui à été tiré de la chronique malaise dans « La prise de Malacca par les portugais vue par les malais », que l’on retrouve dans l’ouvrage Cultural contact and textual interpretation de Leyde.A l’origine il provient d’un manuscrit le Raffle Malay 32, de la Royal Asiatic Society de Londres. Rédigé en Malais, il fut traduit en anglais en 1618 par Raffle lui-même.Nous ne pouvons dire avec certitude à quelle date et d’où provient ce récit, mais d’après son contenu, on suppose qu’il proviendrait de Johor (à la pointe sud de la péninsule malaise, où le Sultan de Malacca avait du fuir avec son sultanat après la prise de la ville par les portugais). On pense qu’il a dû être rédigé entre 1641 (date de la prise de Malacca par les hollandais) et l’installation des anglais dans la région. En effet le texte mentionne l’arrivée des portugais comme un fait déjà très lointain « c’est une histoire d’il y’a bien, bien longtemps » et l’arrivée des hollandais en 1641 est aussi racontée. Il est donc probable que ce texte a été écrit entre la fin du XIIe siècle au lus tôt et le début du XIIIe siècle au plus tard. Quant à son auteur, il est présenté dans le texte comme étant le Bendahara du roi, c'est-à-dire un ministre du roi de Johor le plus probablement. Pour mieux comprendre en quoi la prise de Malacca par les portugais eu un si grand retentissement et est aujourd’hui considéré comme un événement marquant de l’histoire, il est nécessaire de présenter d’abord ce qui rendait Malacca si importante aux yeux de tous.Il faut savoir que Malacca était le plus grand entrepôt commercial de l’Extrême Orient. Les marchands d’Inde, de Birmanie, de Sumatra, de Bornéo et de Chine y affluaient pour prendre part au commerce, notamment le commerce des épices.A cette époque, les marchands musulmans étaient les maîtres du commerce asiatique et africain. Ils transportaient les marchandises en Egypte d’où les Génois, les Catalans et les Vénitiens jouaient les intermédiaires entre l’Europe et le reste du monde. « Celui qui est seigneur de Malacca à la main sur la gorge de Venise » de Tomé Pires. Après les conquêtes de Calicut (1498) par Vasco de Gama, puis celles d’Ormuz (1507) et de Goa (1510) par Albuquerque, Malacca s’inscrivait dans une suite logique de conquêtes pour s’assurer le monopole commercial en Asie, en détruisant par la même occasion et systématiquement les très anciens réseaux des marchands et comptoirs musulmans. En 1506, Dom Manuel recommandait au prédécesseur d’Albuquerque, Dom Francisco de Almeida, d’établir à Malacca le commerce portugais et de bâtir pour le protéger une forteresse « que ça plaise ou non aux gens du pays ».Comme la plupart des sources malaises dont nous disposons, ce récit est plus littéraire qu’historique. On y repère par ailleurs des erreurs et des confusions diverses, et le récit de la prise de Malacca par les portugais contredit presque tout ce que nous savons du déroulement de l’évènement. Cependant, ce récit n’est pas inintéressant dans la mesure où même à travers ses erreurs et ses confusions, l’auteur nous montre le point de vue des malais et la façon dont ils ont perçu et interprété cet épisode marquant de leur histoire. Le texte peut être découpé en trois parties : une première qui relate l’arrivée des portugais et la façon dont ils auraient amadoué le roi, une seconde qui raconte plus précisément la prise de Malacca par les portugais et enfin l’auteur
enchaîne sur la prise de Malacca par les hollandais. Ce texte soulève plusieurs problèmes. D’abord, en quoi la prise de Malacca était elle un coup de poignard porté aux malais ? En quoi ce texte ce fait-il l’écho des souvenirs, préjugées et ressentiment suscités par 130 années de présence portugaise ? Pour répondre à cette problématique, je développerai dans un plan en deux parties. Nous suivrons la logique du texte en s’arrêtant sur le déroulement de la prise de Malacca par les portugais en 1511 comme un coup de poignard porté aux malais, pour terminer sur la revanche des malais avec prise de Malacca par les hollandais en 1641.

Le déroulement de la prise de Malacca tel que rapporté dans le texte est assez éloigné de la vérité historique. Mais en même temps, à travers ses choix, l’auteur démontre une volonté de faire passer les portugais pour des êtres vils et trompeurs. En réalité, les Portugais sont passés trois fois par Malacca et non pas une seule comme raconté dans le texte Malacca étant à l’époque le plus considérable marché de l’Inde, rien d’étonnant à ce que les Portugais y débarquent pour y faire du commerce. Cela, l’auteur l’admet volontiers : « dix bateaux portugais arrivèrent de Manille pour y faire du négoce » (ligne 3). Sans doute en profitèrent-ils pour observer et sans doute Albuquerque avait-il déjà dans l’idée de prendre Malacca, mais en tout cas, pas lorsqu’il y débarqua la première fois. L’auteur insiste aussi sur le fait que les portugais y distribuèrent des cadeaux au sultan et aux notables : « Voilà que le capitaine du bateau vient pour faire du négoce […] et ils apportent comme présents pour le monarque sultan Ahmad Syah de l’or, des réaux, des tissus et chaînes de Manille ». (Lignes 6-7-8-9) et « les capitaines des bateaux commencèrent à distribuer des chaînes en or de Manille à des notables du pays de Maleka » (lignes 20-21-22). Par contre le texte ne mentionne pas que ces cadeaux auraient pu corrompre quelques notables qui se seraient ainsi rangé du côté des portugais puis les auraient soutenus plus tard, lors de la prise de Malacca. D’ailleurs, la formation de partis à l’intérieur du sultanat et l’appui des chinois aux portugais demeurent aussi passés sous silence.

Cependant, les précédentes excursions en Inde avaient rendu les portugais si suspects et surtout aux yeux des musulmans, qui s’arrangèrent une fois de plus (comme à Calicut par le passé), à les rendre suspects et dangereux aux yeux du sultan. Cette suspicion est présentée dans le texte a travers les deux ministres du sultan, Bendahara et Tememgong : « Votre Majesté, Mon seigneur, ne devrait pas être trop confiante à l’égard de ces hommes blancs […] il n’est pas bon que mon seigneur voit d’un bon œil ces récentes arrivées. »
Eglise portugaise à GoaDans le texte, l’auteur montre un Sultan naïf, qui accorde une confiance aveugle aux portugais, au point même de les considérer comme ses amis et de leur laisser prendre un bout de leur terre : « demandez donc puisque nous vous l’accordons ! Si c’est quoi que ce soit que nous possédions, nous ne manquerons pas de satisfaire le désir de nos amis ! » Le mot « ami » apparaît six fois dans le texte, donc cinq fois de la bouche des portugais « Nous n’attendons qu’une chose de notre bon ami, du moins si notre bon ami veut demeurer notre ami, l’ami des hommes blancs ». Sans doute l’auteur insiste t-il sur ce terme pour décupler le côté manipulateur des portugais qu’il cherche à faire passer pour des êtres malsains et rusés comme le montre aussi la suite du texte.Pourtant, dans la réalité, le sultan, avisé par les musulmans, ne leur accordait aucune confiance ni encore moins son amitié. Des pièges furent tendus aux portugais où ils tombèrent, de nombreux hommes furent tués et d’autres emprisonnés, ce qui poussa Albuquerque à faire voile. A aucun moment le texte ne mentionne ces événements. L’auteur enchaîne directement sur la prise de Malacca en montrant comment, en utilisant la ruse, les portugais se retournèrent contre leurs « amis » et les trompèrent en bâtissant sur le bout de terre « de la taille de la peau séchée d’un animal » une grande forteresse qu’ils utilisèrent à la nit tombée pour bombarder la ville. Il montre aussi les portugais comme des menteurs , qui justifient la présence d’ouvertures dans la forteresse en les présentant comme des fenêtres alors qu’il s’agit en réalité d’ouvertures pour les canons « Tous les habitants de Maleka demandèrent : Que sont ces ouvertures ? Ce à quoi les portugais répondirent : Ce sont des ouvertures que les blancs utilisent comme fenêtres ». Cette histoire de la peau de chagrin est retrouvée dans d’autres sources malaises concernant par exemple l’établissement des espagnols aux philippines et des hollandais à Java et constitue sans doute un stéréotype appliqué aux peuples européens. Sans doute l’auteur veut-il montrer le manque de respect et l’abus des portugais vis-à-vis du peuple malais et décupler une fois encore leur coté manipulateur, menteur et trompeur par rapport à la naïveté du peuple malais qui lui reste « pur ». Il est dit dans le texte originel : « c’est ainsi que les portugais trompèrent les gens de Malacca, c’est ainsi qu’ils agirent à l’insu des gens de Malacca ».Dans la réalité, les violences qui avaient été infligées aux siens par les malais donnaient au contraire des allures de justice à l’entreprise d’Albuquerque, et justifiaient une seconde excursion à Malacca , le 28 juin 1511 dans le but d’entamer des pourparlers avec le sultan pour la libération des prisonniers . Les pourparlers furent un échec et Albuquerque et ses troupes provoquèrent un grand feu qui brûlaient un à un les entrepôts. Le sultan pour limiter les dégâts, libéra les prisonniers, ce qui entraîna une trêve, mais de courte durée. Le 25 juillet 1511, les vaisseaux d’Albuquerque bombardèrent de nuit la ville de Malacca, et poussant le sultanat à la fuite. Malacca était tombée. Il faut préciser ici que l’élément de surprise a joué un grand rôle dans la réussite des portugais à Malacca. L’utilisation de l’artillerie à bord des bateaux était méconnue des populations locales, et la surprise de la population devant le bombardement nocturne de la ville semble avoir été la clef de la réussite. Le texte montre cet effet de surprise : « Aux alentours de minuit, alors que tout le monde dormait, c’est alors que les Francs bombardèrent la ville de Maleka » Dans le récit, l’auteur accorde une grande place à la ruse comme moyen de prendre la ville. Soit il cherche par ce biais à montrer le côté vil des portugais, soit on peut l’expliquer par le fait qu’à l’époque de la rédaction la puissance navale portugaise n’existait plus et le bombardement naval ne pouvait être compris.
L’auteur relate bien ensuite la fuite du sultan et du sultanat : « Il s’ensuit que, sous le bombardement des Francs à la minuit, le roi Ahmid Syah avec tous ses sujets s’enfuit sans savoir où aller, sans avoir la moindre chance de résister ».En effet, lors du bombardement de la ville le sultan s’enfuit et déplaça sa cours en divers endroits de la péninsule, puis fonda Johor à la pointe sud en 1518. Finalement, l’on peut dire que la prise de Malacca n’a pas eu un impact important dans la vie interne du sultan et du sultanat en tant qu’institution politique. La vie dynastique et institutionnelle a pu continuer normalement à Johor, et représente une coupure bien moins grave par rapport au coup porté à l’hégémonie du sultan sur Malacca et le prestige qui en découlaient. C’est pourquoi l’on peut parler d’une nostalgie de la grandeur perdue, et au-delà, d’un ressentiment profond dirigé contre les Portugais. Le sultan de Johor tentera plusieurs de reprendre Malacca, mais sans succès. Aussi, lorsque les hollandais proposèrent à Johor une alliance contre les portugais pour s’emparer de la ville, les malais y virent un moyen de prendre leur revanche contre ceux qui étaient considérés comme leurs ennemis.La prise de Malacca par les hollandais telle qu’elle est racontée dans le texte est beaucoup plus fidèle à la réalité historique que ce qui précède. En effet, les hollandais, tout comme les portugais, débarquèrent d’abord à Malacca pour y faire du commerce : « après cela un bateau hollandais vint à Maleka pour y faire du négoce » (ligne 67). Ce qui , encore une fois, n’est pas surprenant car même sous domination portugaise , la ville est restée très active, et l’auteur n’oublie pas de le préciser « : « Et pendant que les portugais restèrent à Maleka, la ville fut très active et nombreux furent les marchands qui vinrent commercer dans le port ». (Ligne 64-65). En effet les portugais n’on pas monopolisé le commerce maritime en Asie ; au lieu d’éliminer les marchands natifs de Malacca, ils ont plutôt tenté de la contrôler et d’en tirer un profit par le biais des douanes.Ce qui n’est cependant pas relaté dans le texte, est que avant de s’allier avec Johor et de prendre Malacca en 1641, les hollandais ont tenté par deux fois cet exploit.En 1606, ils envoyèrent une lettre au port disant aux portugais de se préparer car le lendemain à midi ils attaqueraient la ville. Cette première tentative fut un échec. Puis en 1629, ils organisèrent le siège de Malacca mais ils furent cette fois encore repoussés. La troisième fois, il fallut ruser. Comme mentionné dans le texte, les navires hollandais firent escale à Banten de Java où ils avaient un comptoir : « Et voyez les faire voile en direction de la ville de Banten de Java. Il y avait à cette époque un comptoir de la compagnie hollandaise à Banten de Java » (lignes 78-79). De là, ils entamèrent un échange de lettre avec le sultan de Johor lui proposant une alliance pour attaquer Malacca : » Les hollandais envoient des lettres à Johor, afin de s’allier avec le sultan Johor pour attaquer la ville de Maleka » (Lignes 81-82).Il était convenu que les malais attaqueraient par voie de terre, tandis que les hollandais attaqueraient par voie de mer. Malheureusement, cette attaque allait se solder par un échec probable, et les morts étaient nombreux de chaque côté. C’est alors que, tel que l’auteur l’explique dans son récit, Johor se résolu à utiliser la ruse, et de n’envoyer qu’une poignée d’homme (50) dans la ville, pour y faire
amok : « Il fut décidé par tous les bons Malais que la meilleure chose serait d’envoyer 50 hommes dans la place, et qu’une fois à l’intérieur ils s’y déchaîneraient ». (Lignes 88-89-90). On peut se demander comment, avec seulement une poignée d’homme, Johor parvient à prendre Malacca sans pourtant y être parvenu auparavant tout comme les hollandais qui pourtant possédaient une puissance navale non négligeable. En réalité, il est probable qu’une cinquantaine de Malais au milieu d’autres malais passaient inaperçus contrairement à une armée. Personne n’a pu les voir venir ni anticiper leur attaque. Et, une fois à l’intérieur des fortifications, ils pouvaient faire bien plus de dégâts dans la ville et ainsi ouvrir la porte aux hollandais qui n’avaient qu’à « finir le travail ».

Cependant, le texte ne mentionne pas l’intervention hollandaise. La chute finale de Malacca est présentée comme une victoire essentiellement malaise. Même si l’auteur ne le précise pas, les hollandais n’ont finalement pu prendre Malacca uniquement grâce à l’intervention malaise, car ils avaient déjà échoué deux fois devant la ville, dont ils ne purent s’emparer qu’avec l’aide d’une poignée des hommes de Johor. Cependant, Malacca ne reviendra pas aux malais. Selon l’accord établi en cas de réussite, il était prévu que la ville reviendrait aux hollandais, et que le trésor de Malacca serait également divisé entre les deux parties : « s’ils prenaient Maleka, alors la ville et l’artillerie reviendraient à la hollande, et toutes les richesses seraient divisées en deux parts, une pour les hollandais, et une pour les hommes de Johor. Et cet accord fut célébré solennellement. »Les malais ont librement accepté cet accord et l’ont respecté. Ce qui est étonnant car l’on pourrait penser que la véritable revanche serait pour les malais de se rétablir à Malacca après avoir conduit les portugais à la défaite. Pourtant, la prise de Malacca par les portugais, présentée comme un fait dramatique, se trouve pratiquement annulée et vengée par la conquête hollandaise, à laquelle les malais ont physiquement participé et ont été la clef de la réussite. Finalement, la revanche a été obtenue, même partiellement, car les portugais, boutés hors de Malacca, perdent à leur tour leur prestige. Leurs villes tomberont d’ailleurs les unes après les autres au profit des hollandais, marquant la fin de la domination portugaise en Asie, mais en accentuant la domination européenne.Cette idée de domination européenne, qui semble pourtant si évidente à nos yeux, n’apparaît pas dans le texte. L’auteur ne semble même pas réaliser que les hollandais, au même tire que les portugais, sont des européens. Lorsqu’il nomme « Le Grand Roi d’Europe », pour désigner le roi des Hollandais marque bien cette confusion. Car en effet, si le roi des hollandais était aussi le roi d’Europe, alors il serait aussi le roi des portugais. Or, l’auteur apparemment n’identifie pas les portugais à des européens, et ses erreurs et confusions sont éclairantes à ce sujet. En effet, dans le texte, les portugais ont leur « grand roi » à Goa, qui est aussi selon l’auteur, la capitale portugaise, et qui fournit aussi le modèle de fortification de Malacca : « Ils adressèrent une lettre à leur ville principale dont le nom est Goa, disant que Maleka avait été prise. […] Et quand quelques temps se fut écoulés, deux mois après que la lettre lui ai été parvenue, le grand roi envoya une lettre en retour disant qu’ils devaient construire un grand fort de granit dans la ville de Maleka […] et qu’elle devait être en tout point identique à celle de Goa » (lignes 55 à 61)Ainsi, pour l’auteur les portugais et hollandais n’ont aucune parenté, et il les situe même à deux pôles opposés, les uns étant présentés comme des alliés et les autres comme des ennemis. Peut être peut on aussi interprété cette confusion par le fait que l’auteur aurait transposé une situation qu’il connaissait, dans le passé. En effet, au moment de la rédaction, même si les portugais avaient perdus leur monopole en Asie, ils demeuraient encore très présents et ancrés depuis longtemps sur place. Le métissage et les population locale converties au christianisme et plus ou moins intégrés à la culture portugaise
pouvait laisser croire que les portugais étaient un peuple d’asie.Quoiqu’il en soit, les confusions de l’auteur sont assez révélatrices de la vision des choses des malais à cette époque. L’on remarque quelque soit la raison pour laquelle il distingue les hollandais des portugais, leur victoire st aussi celle des Malais et l’affront à été vengé.
Pour conclure, on peut dire que ce texte très subjectif et sans grande valeur historique est tout de même révélateur d'un certain nombre de choses qu'aucune autre source ne peut montrer: en effet, comme nous l'avons vu, l'auteur ne s'attache pas à la vérité historique mais cherche plutôt à montrer une image négative des portugais à travers un récit inventé de la prise de Malacca. Par la suite, il démontre comment son peuple a su prendre sa revanche sur l'affront qui leur avait été fait avec le récit de la prise de Malacca par les hollandais qui lui en revanche, reste assez fidèle à la réalité historique. Celà ne signifie pas que l'auteur ignore complétement le déroulement véridique de la prise de Malacca , mais au contraire, on peut supposer qu'il ai choisi de raconter cette histoire fictive pour mieux montrer le côté vil et trompeur de ces hommes blancs qu'il méprise. D'ailleurs, on pourrai ajouter que ce que l'auteur montre des portugais correspond mieux à l'image qu'on avait d'eux à cette époque en Asie et dont ils eurent à se justifier à diverses occasions. Ses choix ne sont pas anodins, au même titres que ses erreurs qui nous en disent long sur l'idée que se faisaient les malais des différents peuples européens présents en Asie et de cet événement marquant que fut la prise de Malacca.
NotesConfusions & erreurs (non expliquées dans les commentaires parce que pas véritablement éclairantes sur les intentions de l’auteur)
-La réf à Manille (anachronisme, Manille n’avait été prise que 60 après et est due à une confusion entre portugais et espagnols). La pse portugaise fut bcp plus maritime que l’espagnole, qui se solda rapidement par une domination territoriale presque totale de l’espace philippin. Mais les deux peuples, trop semblables par la langue, la race, la religion et les mœurs pouvait prêter à confusion pour les malais qui les identifièrent
-« francs » peringri désigne les catholiques en général. Bibliographie- Histoire du Portugal des origines à nos jours, A.H de Oliveira Marques, éditions Horvath
- Cultural contact and textual interpretation, Leyde, 1983-1986.
- Albuquerque, Le lion des mers d’Asie, G. Bouchon, éditions Desjonqueres, 1992
- Lisbonne hors les murs, 1415-1580. L’invention du monde par les navigateurs portugais, M. Chandeigne, éditions Autrement, 1990.
- L’Europe et la conquête du monde, J. Meyer, éditions Armand Colin, 1996.
- Histoire du Portugal, La Bourdette, Fayard, 200
- Wikipédia.
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